“Encore un vélo en plein milieu de la route !” “Ils respectent rien !” “Ils se croient tout permis !” Le procès est ouvert, l’accusé est tout désigné : le cycliste. L’indiscipliné, l’arrogant, le sans-clignotant. Il dérange, il gêne, il ralentit. Bref, il fout le bazar dans l’ordre établi du tout-bagnole.
Mais prenons deux minutes. Pas pour l’excuser. Pour regarder les faits. 80 % des accidents impliquant un vélo sont causés… par un véhicule motorisé. Et dans les zones denses, plus le nombre de cyclistes augmente, plus les accidents diminuent. Le problème, ce ne sont pas les vélos. C’est qu’ils ne rentrent pas dans la case. Celle qu’on a dessinée depuis 70 ans pour la voiture reine. Le vélo, lui, n’a pas de boîte. Il glisse, il serpente, il prend l’air et l’espace. En deux mots : Il vit.
Ce ras-le-bol des cyclistes, c’est surtout le mal de tête de ceux qui n’acceptent pas le partage. On tolère les bouchons, les klaxons, les parkings ventouses… mais le vélo qui remonte une file ou qui s’infiltre à l’angle d’un carrefour, là, c’est l’anarchie ! Hypocrisie ?
Oui, il y a des cyclistes qui roulent mal. C'est indéniable. Comme il y a des voitures qui brûlent des priorités ou collent au pare-chocs. Mais il n'est pas question ici de pointer du doigt pas toute une catégorie de conducteurs à cause de quelques cow-boys en SUV.
Le vrai ras-le-bol, il est ailleurs. Il est chez ceux qui en ont marre de crever dans un fossé, marre de slalomer entre les portières, marre qu’un “petit détour à vélo” devienne un parcours de guerre. Ras-le-bol de devoir prouver tous les jours qu’ils ont, eux aussi, leur place sur la route.
Parce que oui, le vélo est une solution. Pour la ville, pour le climat, pour la santé. C’est pas un caprice de bobo ou un trip du dimanche. C’est une révolution tranquille, que certains refusent de voir passer. Par peur ? Peut-être. Les cyclistes représentent moins de 5 % des déplacements quotidiens en France, mais ils concentrent une grande part des critiques. Dans la majorité des cas, le vélo est victime, pas bourreau.
Alors la prochaine fois que vous pestez contre un cycliste, demandez-vous : Et si le problème, c’était pas lui… mais le monde qu’on s’accroche à défendre, jantes serrées et œillères vissées ? Vous verriez certainement le monde qui vous entoure sous un autre angle...