Stations de ski : le VTT peut-il vraiment remplacer la neige en moyenne montagne ?
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Article N°28871

Stations de ski : le VTT peut-il vraiment remplacer la neige en moyenne montagne ?

Face au réchauffement climatique et à la raréfaction de l’or blanc, les stations de ski de moyenne montagne cherchent à diversifier leur offre. Parmi les alternatives, le VTT s’impose comme un candidat séduisant. Mais entre fragilité économique, contraintes environnementales et limites de la pratique, la roue peut-elle tourner aussi facilement que celle des remontées mécaniques ?

Le constat est implacable : les stations de ski, notamment en moyenne montagne, voient leur modèle menacé par le manque de neige récurrent. La neige de culture ne suffit plus à sauver les saisons et la pression économique pousse à trouver d’autres leviers d’attractivité. Dans ce contexte, le VTT en station apparaît comme une piste privilégiée.

En été, certaines stations ont déjà pris le virage du bike park, en transformant les pistes de ski en descentes pour VTT de montagne, enduro et même VTT à assistance électrique. Et les arguments sont séduisants pour prolonger l’activité des remontées mécaniques, attirer une clientèle plus jeune, capter le marché croissant du tourisme à vélo.

Pourtant, le mirage n’est pas sans failles. Économiquement, la fréquentation estivale du VTT reste sans commune mesure avec l’hiver avec quelques milliers de passages contre des centaines de milliers pour une bonne saison de ski. Les retombées sur la location de VTT-AE, l’hébergement et la restauration demeurent limitées.

Pour ce qui est de la location de VTT/VAE, aucune source française récente n’est disponible. On sait que, à l’échelle mondiale, le marché de location de VTT est estimé à 6,45 milliards de dollars en 2023, avec une croissance annuelle prévue de +17,5 % d’ici 2030. Mais pas de chiffres spécifiques pour la France (2024–2025).

Sur le plan environnemental, la création et l’entretien de pistes de VTT posent de vraies questions comme l'érosion des sols, la perturbation de la faune et la banalisation du paysage. Substituer la neige artificielle par la terre déplacée n’est pas forcément un progrès. Loin de là !

En termes de pratique, le VTT demeure un sport exigeant, technique, qui ne touche pas le même public familial que le ski de piste. Le VTT à assistance électrique élargit certes la clientèle, mais ne suffit pas à combler le gouffre laissé par la disparition du ski. Les acteurs locaux en sont conscients et restent lucides quant au travail de reconversion à entreprendre.

Ils savent que le VTT/VAE reste un poids-lourd économique.  Il accapare la majorité de la valeur du marché, même si les volumes sont en retrait. L’itinérance à vélo et la location séduisent, mais il est vrai que l'on manque de chiffres récents pour en juger la portée réelle.

Ce qui est net, c’est que réparer plutôt qu’acheter devient la règle. Les vélos durent, les ateliers fleurissent, et les emplois techniques s’ancrent dans nos montagnes comme jamais. Pour les stations, miser sur les services VTT (location, riders-guide, mécanique, accueil vélo-friendly) devient une rampe d’emploi durable, surtout en saison creuse.

 

Quand des stations parient sur le VTT


Dans les Vosges, le Jura ou le Massif central, les stations de ski font face à un avenir incertain. Faute de neige, elles misent sur le VTT pour se réinventer. Depuis plusieurs hivers, ces dernières subissent de plein fouet les effets du réchauffement climatique : enneigement aléatoire, recours coûteux à la neige de culture, saisons raccourcies. Face à cette dure réalité, la diversification est donc devenue une urgence. Et parmi les alternatives, le VTT en station est souvent présenté comme une roue de secours idéale.

Vosges : La Bresse en pionnière

La station de La Bresse-Hohneck a fait figure de précurseur en ouvrant dès 1997 un bike park. Aujourd’hui, elle attire chaque été des milliers de vététistes, séduits par ses pistes balisées et ses remontées adaptées. Mais si l’activité permet de maintenir un minimum de fréquentation hors hiver, elle reste très loin des chiffres du ski. Les retombées économiques existent, mais elles ne compensent pas la manne hivernale.

Jura : Métabief, laboratoire de la transition

Dans le Haut-Doubs, la station de Métabief a lancé un plan de transition ambitieux car les responsables prévoient la fin programmée du ski alpin d’ici 2030, remplacé par un panel d’activités quatre saisons, dont le VTT de descente et le VTT à assistance électrique. L’expérience montre que la demande est réelle, mais aussi que l’entretien des pistes et la gestion des flux de riders nécessitent des investissements lourds et une vigilance environnementale.

Massif central : Super-Besse entre vélo et nature

Du côté du Sancy, Super-Besse mise elle aussi sur la polyvalence en proposant à sa clientèle des circuits VTT, de randonnées, de trail mais aussi des activités de pleine nature. Il est vrai que le VTT-AE élargit l’accès à une pratique familiale, mais là encore, les chiffres parlent d'eux-mêmes. La fréquentation estivale ne représente qu’une fraction des nuitées générées par une bonne saison de ski.

Une activité complémentaire, pas une solution miracle

Si le VTT en station a de beaux atouts  (dynamiser la saison estivale, attirer une clientèle sportive, valoriser le tourisme à vélo), il ne peut se substituer totalement au ski. Les enjeux sont clairs. Tout d'abord, sur le plan économique. Selon les acteurs locaux interrogés, il est très difficile de retrouver les volumes financiers de l’hiver.

De plus, cela soulève bien des questions sur les plans environnementaux : attention à l’érosion des sols et à l’artificialisation des pentes. Enfin, sur le plan social, le VTT reste une pratique technique, pas toujours accessible à tous. Il faut envisager un budget qui n'est pas à la portée de toutes les bourses.

Alors, illusion ou transition crédible ? La question à le mérite d'être posée. Plutôt qu’un remplacement, le VTT doit être pensé comme un complément au sein d’une stratégie plus large : randonnée, trail, gastronomie de terroir, activités culturelles et bien-être. La montagne sans neige a certes des cartes à jouer, mais le tout-VTT ne peut constituer hélas la solution de sortie de crise.


Henry Salamone FRANCE SECRÈTE À VÉLO

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