La place du vélo en ville connaît une évolution significative, portée par les politiques publiques de mobilité durable et l'essor des infrastructures cyclables. La fréquentation des pistes cyclables, notamment dans les grandes villes comme Paris, Lyon, Nantes ou Grenoble, a fortement augmenté ces dernières années, confirmant que le vélo urbain est devenu un mode de déplacement privilégié pour de nombreux citadins. Toutefois, l'évaluation du Baromètre Vélo 2025 montre bien que la progression du vélo atteint aujourd'hui un seuil, avec une stagnation autour d'une note moyenne de 3,1/6 pour l'accueil des cyclistes en zone urbaine.
Avec un bémol, la cohabitation entre automobilistes et cyclistes , mais aussi avec les piétons. Elle demeure un obstacle majeur dans le développement du vélo en ville. Le partage de la voirie urbaine, la sécurité des cyclistes et la perception des usagers montrent que de nombreux freins subsistent : stress routier, conflits d'usage, qualité parfois inégale des aménagements et centralité dominante de la voiture. Ces éléments limitent fortement le recours au vélo comme solution quotidienne pour les trajets domicile-travail ou les déplacements urbains.
Les politiques vélo initiées par les villes, les métropoles et l'État ont certes permis de multiplier les pistes cyclables, les zones apaisées et les dispositifs d'incitation à la mobilité active (vélos électriques, services de localisation longue durée, aides à l'achat, etc.), mais la fracture territoriale demeure très marquée.
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Il est indéniable que les territoires ruraux et périurbains restent principalement dépendants de l'automobile et ce, faute d'infrastructures et de services adaptés. L'action des collectivités et la stratégie nationale pour le vélo doivent dorénavant avoir une approche plus globale. Comment ? En intégrant le développement des modes doux dans l'urbanisme, la sécurisation des intersections, et la concertation avec les riverains pour garantir une acceptabilité sociale durable.
Lors d'un micro-trottoir réalisé à Nantes, les usagers restent mitigés quant aux développement des infrastructures à l'image de Julien qui ammène tous les jours ses enfants à l'école en vélo cargo : « Nantes est une ville bien avancée pour le vélo, avec un réseau cyclable qui s'est beaucoup développé. Mais il reste encore trop de ruptures dans les pistes, ce qui complique les trajets. La sécurité, notamment aux carrefours, est toujours un point sensible. » Pour Loriane, se déplacer à vélo reste parfois un vrai parcours du combattant : « J'utilise le vélo tous les jours, c'est pratique et bon pour la santé. Toutefois, la cohabitation avec les voitures peut être dangereuse, surtout en centre-ville. Il faudrait plus de pistes protégées et moins de voitures dans certaines rues. »
Il est clair qu'en 2025, la mobilité urbaine à vélo en France se situe à un carrefour : soit un renforcement des ambitions, avec une politique cyclable volontariste et un investissement massif dans l'infrastructure, soit le risque d'une stagnation, freiné par la cohabitation conflictuelle avec la voiture et des politiques publiques trop segmentées. Pour une ville cyclable, il apparaît essentiel de parier sur le vélo comme solution aux enjeux de mobilité durable, d'amélioration de la qualité de l'air, de santé publique et d'aller vers une transition énergétique des transports.