Enquête – Coup de frein sur le VAE : la fin d’un âge d’or ?
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Article N°28817

Enquête – Coup de frein sur le VAE : la fin d’un âge d’or ?

Après des années de croissance dopée, le marché du vélo à assistance électrique  marque un sérieux ralentissement. Fabricants, revendeurs, réseaux spécialisés : toute la filière se retrouve confrontée à un virage stratégique. Décryptage d’une crise aux multiples causes.


En 2024, les ventes de vélos à assistance électrique en France ont reculé de 12 %, selon l’Union Sport & Cycle. Un retournement inattendu pour un secteur qui, depuis 2019, faisait figure de moteur dans l’univers du vélo. Le segment adulte, qui représentait plus de 60 % du chiffre d’affaires du vélo neuf, subit de plein fouet ce coup de frein. La baisse est d’autant plus visible que les stocks restent importants, les invendus s’accumulent, et les promotions deviennent de plus en plus la norme.

Alors, pourquoi le marché du VAE s’essouffle ?

A cette question, plusieurs facteurs se combinent : l'inflation et pouvoir d’achat sont en berne. Un VAE coûte cher (2 000 à 4 000 € en moyenne) et dans un contexte économique tendu, beaucoup de foyers reportent l’achat. Si le bonus écologique vélo reste, il dépend aujourd'hui des conditions d’attribution plus restrictives. Moins d’incitations, c’est mécaniquement moins de ventes.

Quant au marché, ce dernier est passablement saturé. Si le boom post-Covid a équipé un grand nombre d’usagers, la phase de renouvellement tarde à venir. Sans compter les coûts de production en hausse. Batteries, moteurs, composants... tout a augmenté. Enfin, il faut souligner que la confiance a été sérieusement altérée. Certains modèles bas de gamme, peu fiables, ont nui à l’image du produit.


Comment réagissent les fabricants de VAE ?

Des marques comme Moustache, O2Feel, ou Decathlon modèrent leurs productions. L’accent est mis sur la gestion des stocks et l’optimisation des gammes. Face à la dépendance asiatique, certains envisagent une relocalisation partielle. Mais le "Made in France" reste encore marginal, coûteux, et réservé à des modèles premium. Il faut dire aussi que de nombreux utilisateurs ont été échaudés par des pannes précoces, un SAV insuffisant ou des batteries défaillantes.

Côté revendeurs de vélos : qui souffre, qui s’adapte ? Des réseaux comme Culture Vélo, Bouticycle ou Cyclable peuvent mutualiser leurs risques. Communication centralisée, solutions de leasing, offres d’entretien : des outils précieux face à la crise. 

Chez les indépendants, le tableau est plus contrasté : il y a ceux qui ont su diversifié leur offre (location, atelier, occasions) et donc ils s’en sortent. D’autres, très dépendants des ventes neuves, sont en difficulté. Ils misent sur une hypothétique reprise du marché en 2026.

VAE : une filière en mutation et quel avenir en France ?

Cette crise marque l’entrée du vélo à assistance électrique dans une phase plus mature et responsable. Plusieurs axes émergent pour repenser le modèle :
1 - Reconditionnement et seconde vie des vélos
2 - Entretien et SAV de qualité comme valeur ajoutée
3 - Abonnement et leasing longue durée avec maintenance incluse
4 - Batteries durables, réparables, modulaires
5 - Ciblage B2B (collectivités, entreprises, flottes professionnelles)

Pour les experts, le VAE n’est pas mort, loin de là. Il reste un outil central de la transition écologique et une solution de mobilité plébiscitée. Mais il quitte l’âge de l’or pour celui du doute. Les acteurs qui sauront changer de braquet, miser sur la proximité, écouter les consommateurs, la qualité et l’usage plus que la possession, trouveront leur place dans le peloton de demain. 


Elodie Studon / FRANCE SECRÈTE À VÉLO

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