Le Dali noir, le nouveau polar d'Yves Carchon
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Article N°22763

Le Dali noir, le nouveau polar d'Yves Carchon

Le Dali Noir est un roman savoureux, dépaysant, qui embarque son lecteur ailleurs. Un joli voyage dans lequel il est urgent de se plonger sans modération...

Je crois qu’il existe deux types de romans, indépendamment de leurs qualités …réelles ou ressenties, qui est affaire de jugement, donc subjective, et variable d’un individu à l’autre.
Il y a des intrigues dans lesquelles on ne parvient pas à s’immiscer, où l’on assiste à la scène comme un observateur étranger qui n’est pas intégré, et celles dans lesquelles on se love comme on se niche au creux d’une couette tiède dont on n’a pas envie de s’extraire.
M’arracher au Dali noir m’a quelque peu contrarié. J’y avais trouvé ma place car les thèmes évoqués m’interpellent. Ils ne sont finalement pas si étrangers à ceux que j’effleure dans mon premier opus.

L’intrigue démarre dés les premières lignes, ce qui n’est pas surprenant, connaissant l’auteur. Fragoni, détective atypique, est demandé, pour ne pas dire convoqué, au chevet de Flora Zolan, électron libre hors norme, étonnamment fantasque, de la résidence des oiseaux, établissement pour personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Malgré le mal insidieux qui défait inexorablement sa mémoire, elle est le témoignage d’une époque féconde qui a vu irradier les artistes les plus iconiques du Montparnasse des années 20.
Au cours de la nuit écoulée, une toile de maître, les bleuets, qui lui fut offerte par un artiste de renommée mondiale dont elle choisit de taire le nom, lui a été dérobée. Mais selon elle, cette toile n’est pas ce qu’elle semble être. Et pour cause. Le secret qu’elle renferme concerne l’humanité entière.

Flora Zolan ne fut pas que la muse et la modèle des peintres les plus éclairés de son époque. Elle fut aussi une proche des parents de Fragoni, dont le passé est une cicatrice, un puits sombre, voué à le rester.
Mais qui était donc cette mère énigmatique qui lui fut arrachée trop tôt ? Qui était vraiment ce père aux contours incertains, vendeur d’art sous l’occupation ?
Finalement, ce n’est pas lui qui se saisit de cette affaire mais cette affaire qui s’empare de lui. Elle va devenir sienne par symbiose.

Mais les toiles de maître rendues à leur liberté perturbent les âmes simples. L’argent est un mauvais conseil. Vont s’agiter pèle-mêle un Fragoni sur la brèche, qui pour rien au monde ne lâcherait sa proie, des mafieux aux mains sales prêts à tout pour récupérer cette œuvre, une secte apocalyptique, la main noire, signant ses crimes de sa marque, menée par un politique local aux pulsions sordides. Au fil de l’intrigue, les corps s’affaissent, tranchés vifs sous les balles incandescentes des armes automatiques.
Lorsque Flora Zolan trouve elle aussi une mort violente, victime de cette folie meurtrière, la seule passerelle qui reliait encore Fragoni à son passé s’effondre, replongeant dans l’obscurité cette partie de sa vie dont il a besoin de guérir. Mais le sort en décidera autrement.

Moi qui aime lambiner, savourer les ambiances au gré des pages, eh bien dans le Dali noir, je n’ai pas pu. L’intrigue aspire naturellement son lecteur et ne laisse que peu de pauses. Il n’y a aucun temps mort inutile. Le rythme est raisonnablement soutenu, sans être haletant. La maîtrise de la cadence est à mettre au crédit de l’auteur.

Ésotérisme, histoire, art, flamboyance du pays catalan, failles psychologiques des personnages qui les rendent accessibles voire touchants... Je me suis volontiers laissé emporter par les thèmes de ce nouvel opus.

J’ai trouvé bluffante la prestation de Fragoni, flic d’une autre époque aux méthodes vieille France, assumées et délicieusement désinvolte. C’est un autre homme que j’ai vu s’agiter dans cette trame. Cette révélation personnelle qui lui tombe dessus, comme un virage aussi brusque que violent, et dont il fera une quête intime, lui donne plus d’humanité encore, plus d’épaisseur, le rend plus conséquent, plus attachant. J’aime beaucoup ce Fragoni-là.

Le Dali Noir est aussi le royaume des clairs obscurs. La parodie de religiosité de cette secte sous les voûtes de pierre ou rampent des ombres mouvantes au gré des torches de feu, contraste avec l’éblouissante clarté de ce pays catalan dans lequel il nous embarque, pays auquel Dieu lui même n’osa rien refuser.
L’atmosphère mystique des arcanes de l’ermitage, garante de tant de secrets anciens insoupçonnés, intimide parfois.

Et que dire de cette petite Flora, enfant pétillante et énigmatique dont les fulgurances estomaquent Fragoni et son lecteur.

Le Dali Noir est un roman savoureux, dépaysant, qui embarque son lecteur ailleurs. Un joli voyage dans lequel il est urgent de se plonger sans modération. Merci l’artiste.


Alain ROUMAGNAC

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