Acteurs Locaux Larrazet - Journées Agriculture et Alimentation

Pour leur 39° édition, les Journées de Larrazet aborderont avec l’agriculture et l’alimentation un sujet de société à l’amplitude infinie et aux enjeux multiples. Si l’agriculture et les campagnes ont été au coeur des éditions de 1996 et 2007, jamais la question de l’alimentation ne s’était invitée aux Journées de Larrazet.

C’est dire que plus que jamais, les deux questions ont partie liée ce dont chacun, l’actualité le démontre, est de plus en plus conscient qu’il soit producteur ou consommateur, rural ou urbain.

A l’issue d’un long processus d’érosion, le nombre d’agriculteurs et d’exploitations a fondu comme neige au soleil au point de conduire B Hervieu et F Purseigle à parler « d’agriculture sans agriculteurs ». Reste que cultiver la terre et nourrir l’humanité demeurent des défis loin d’être derrière nous.

Depuis l’invention de l’agriculture au néolithique qui a été, avec celle de l’écriture, un premier grand bond en avant pour l’humanité, elle est en réinvention permanente. Et comme le souligne Jean-Luc Mayaud, « il n’y a pas d’éternel paysan ».

Pour autant les secousses telluriques qui se déploient sous nos yeux dans une accélération de l’histoire donnent le vertige et ne vont pas sans casse, doutes ou fuites en avant

L’agriculture concerne tous les domaines de la société : l’économie et l’emploi, l’individuel et le collectif, la production et l’environnement, l’alimentation et la santé, la culture et les paysages. Et ce qui se joue dans chaque ferme n’est pas indifférent à ce qui se décide à Bruxelles ou dans la libéralisation des échanges internationaux. Le local et le planétaire y forment un tout.

Un écheveau complexe et en mouvement que résume ainsi Edgar Pisani : « on exploite une mine et on l’abandonne quand il n’y a plus rien alors que l’on cultive la terre pour qu’elle dure. La seule manière de poser la question est : à quelles conditions (économiques, écologiques et sociales) le monde peut-il nourrir le monde ? ».

Autrement dit, comment l’agriculture peut-elle trouver les justes équilibres pour être à la fois productive, rémunératrice (équitable) et environnementale. La noblesse du métier paysan est de travailler avec le vivant et de nourrir les hommes mais c’est aussi son immense responsabilité que de répondre aux attentes et aux multiples défis, parfois contradictoires, de notre temps.

L’humanité est non seulement loin d’avoir résolu la question de la sécurité alimentaire mais, à l’évidence, un nouvel âge de l’alimentation
se dessine. La cuisine rapide bouscule le rituel du repas, le souci diététique se heurte à « la malbouffe », l’excellence gastronomique et la banque alimentaire font le grand écart. Ce qui pose les enjeux de l’écosystème sensible qui va de « la terre à l’assiette » de la transformation à la grande distribution en passant par les circuits courts.

Fidèle à la démarche éprouvée des Journées de Larrazet, le samedi après midi sera entièrement consacré à la perspective historique qui est toujours un gage de sérénité et de lucidité pour comprendre et interroger le présent

Nous savons bien qu’il est hors de portée, en deux jours, de faire le tour d’un tel sujet continent et c’est pourquoi nous avons choisi des intervenants de qualité qui nous livreront des synthèses éclairantes tant dans le domaine de l’agriculture que celui de l’alimentation.

En se protégeant tout à la fois des dénis et des anathèmes, d’où qu’ils viennent, nous entendrons la pluralité des expériences, des savoirs, des regards et des convictions dans un climat de respect et de confiance. Nous oeuvrons à ce que personne ne perde son temps dans une rencontre riche et bienfaisante tout autant pour les agriculteurs, les consommateurs que la cité.
 

 

Alain Daziron