Maladie thromboembolique veineuse : prédire le risque de récidive grâce à la génétique - INSERM
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Article N°28857

Maladie thromboembolique veineuse : prédire le risque de récidive grâce à la génétique - INSERM

Troisième cause de mortalité cardiovasculaire, la maladie thromboembolique veineuse résulte de la formation d’un caillot pouvant bloquer la circulation sanguine dans une veine et provoquer des complications graves, potentiellement fatales, comme une embolie pulmonaire. Cette maladie fréquente (1 à 2 cas pour 1 000 individus) présente un taux de récidive important. Grâce à l’analyse génétique de plus de 6 300 patients, une équipe de recherche de l’Inserm et de l’université de Bordeaux, en collaboration avec des équipes nationales et internationales, a identifié 28 marqueurs moléculaires (variations génétiques, expression génique, protéines) associés au risque de récidive de maladie thromboembolique veineuse. Cette étude marque une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes biologiques impliqués dans la récidive et ouvrent la voie au développement de nouvelles stratégies de prévention et de traitement, mieux adaptées au profil génétique et clinique de chaque patient. Ces résultats sont publiés dans la revue Blood.


La maladie thromboembolique veineuse se caractérise par la formation, dans une veine, d’un caillot (ou thrombus) qui peut obstruer la circulation sanguine. Ses deux formes principales sont la thrombose veineuse profonde (ou phlébite et sa complication majeure, l’embolie pulmonaire, lorsque le caillot migre jusqu’à l’artère pulmonaire. En France, 50 000 à 100 000 phlébites et 40 000 embolies pulmonaires surviendraient chaque année. Le taux de récidive avoisine les 20 % dans les cinq ans après le premier événement thromboembolique.

Actuellement, les traitements anticoagulants constituent l’approche thérapeutique de référence. Ils ne détruisent pas le caillot, mais évitent qu’il se reconstitue ou s’étende, prévenant ainsi le risque de récidive. Or, compte tenu de leur effet sur la coagulation du sang, ces traitements exposent les patients à un risque d’hémorragie. Prédire avec précision le risque de récidive de chaque patient permettrait d’optimiser la réponse thérapeutique, tout en prévenant également le risque hémorragique individuel.

L’équipe de David-Alexandre Trégouët, directeur de recherche Inserm au centre de recherche Bordeaux Population Health (Inserm/Université de Bordeaux), et ses collaborateurs français[1] et internationaux se sont spécifiquement penchés sur cette question. Dans une nouvelle étude, ils ont tenté d’identifier des biomarqueurs permettant de prédire le risque de récidive. Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet de recherche européen Morpheus (cf. encadré ci-dessous).

Grâce à une collaboration internationale leur permettant l’accès à huit cohortes de patients d’origine européenne, les scientifiques ont pu analyser le profil génétique de 6 355 personnes atteintes de maladie thromboembolique veineuse. Parmi elles, 1 775 avaient été victimes d’un second événement. Il s’agit de la première étude dite d’« association pangénomique »[2] qui s’intéresse au risque de récidive dans cette maladie.

Après analyses statistiques, ils sont parvenus à identifier 28 marqueurs moléculaires spécifiques (variations génétiques, expression génique, protéines) dont la présence indiquerait un risque accru de récidive chez le patient. Ces marqueurs moléculaires interviennent à trois moments clés du processus par lesquels nos gènes (c’est-à-dire notre ADN) s’expriment (via l’ARN) pour fabriquer les protéines nécessaires au bon fonctionnement de notre corps.

L’ensemble des données collectées a ensuite été analysé en plusieurs sous-groupes : en fonction du sexe du patient, du type d’événement initial (phlébite ou embolie pulmonaire) et selon que le premier évènement a été provoqué ou non par un facteur déclenchant de nature transitoire, comme une immobilisation prolongée des membres ou la prise d’une contraception.

L’étude révèle que les marqueurs moléculaires associés à la récidive ne sont pas les mêmes que ceux qui sont associés au risque d’un premier évènement thromboembolique. En effet, parmi les 28 marqueurs identifiés ici, 22 sont spécifiques à la récidive car ils n’ont jamais été montrés impliqués dans le risque de premier évènement. Elle indique également que certains marqueurs moléculaires mis en jeu ne sont pas les mêmes pour les hommes et les femmes et qu’ils peuvent aussi différer selon les caractéristiques de l’évènement thromboembolique initial (provoqué ou non, phlébite ou embolie pulmonaire).

« Ces résultats marquent une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes biologiques impliqués dans la récidive. Ils permettent en outre d’entrevoir une estimation plus fine du risque individuel de récidive, et pourront contribuer, à terme, à une meilleure prise en charge du patient vers un parcours de soin personnalisé », explique David-Alexandre Trégouët.

 

Le projet Morpheus

Le projet Morpheus vise à développer un outil de prédiction du risque de récidive qui serait intégré au processus de décision médicale, afin d’optimiser la prise en charge à long terme des patients atteints de maladie thromboembolique veineuse. Il associe en France des équipes du CHU de Brest et de l’Inserm, ainsi que des équipes du réseau F-Crin Innovte. Il implique 8 pays européens – France, Pays-Bas, Espagne, Allemagne, Suisse, Pologne, Suède et Danemark – et bénéficie d’un financement Horizon Europe.

 


 

[1] Les collaborateurs français font partie du réseau F-Crin-Innovte (Investigation network on venous thrombo-embolism) dont le but est de développer la recherche clinique et translationnelle ainsi que les études à dimension européenne sur la maladie veineuse thromboembolique : https://www.innovte-thrombosisnetwork.eu/

[2] En anglais, on parle de genome-wide association study, ou GWAS. Ces études consistent à analyser l’intégralité du génome de milliers voire de dizaines de milliers d’individus, sains ou malades, pour identifier des facteurs de risques génétiques associés à des traits spécifiques de la maladie.


Source - David-Alexandre Trégouët Directeur de recherche Inserm

Lien :https://presse.inserm.fr/maladie-thromboembolique-veineuse-predire-le-risque-de-recidive-grace-a-la-genetique/70862/

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