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Article N°27126
Les vies secrètes de madame Sazaki, d'Yves Carchon
Une surprise épatante. Ce merveilleux roman s'inscrit dans la droite file du Sanctuaire des destins oubliés. Une même magie opère mais dans un monde où se côtoient Vivants et Morts. A lire !
Après Le sanctuaire des destins oubliés, les habitués de l'auteur, dont je suis, étaient curieux de savoir quel serait le nouveau roman d'Yves Carchon. Et l'on n'est pas déçu ! Il se situe dans la droite ligne du Sanctuaire des destins oubliés qu'on avait tant aimé. Les vies secrètes de madame Sazaki est une ode poignante à l'amitié entre deux êtres que tout semble séparer. Mizuki Sazaki a vécu au Japon et est octogénaire, alors que Simon, toulousain de toujours, est encore un quadragénaire très actif. La providence va faire en sorte qu'ils vont se rencontrer sous l'égide d'une catastrophe que chacun a vécu : Fukushima pour Mizuki, qui a laissé des traces en elle, et AZF pour Simon, déflagration qui a tué sa jeune soeur. Le doux Simon va découvrir un monde que lui ouvre Mizuki. Et quel monde ! Le lecteur, le premier, ira de prodiges en émerveillements. Toulouse en est le cadre, et vaut bien le Saint Pétersbourg de Gogol. Un tel roman ne peut laisser indifférent car il parle de nos morts, ceux que nous gardons encore nichés en nous, mais aussi de la Mort et de son imprécise frontière avec la vie. L'auteur semble avoir mis beaucoup de lui dans cette nouvelle quête qui emporte son lecteur vers des rives nouvelles. Il a parsemé son récit de références à Mishima, Kafka et Proust. S'il fallait qualifier ce tout nouvel opus, je le dirais "proustien" pour sa recherche axée sur nos multiples et contradictoires sentiments, mais aussi sur l'abord fin et nuancé des choses et des êtres. L'amitié (ou l'amour?) entre Simon et Mizuki se clôt par un étrange vertige. Mais n'est-ce pas une illusion ? Ne sont-ils pas voués chacun à la vie éternelle ? Le style est toujours là avec Carchon, limpide, gouleyant à souhait; les images foisonnent, l'exubérance littéraire est toujours là et nous entraîne dans un univers végétal où vivent geckos, iguanes et salamandres. Un beau et pathétique roman, à lire comme on boirait du thé en galante compagnie. Selon chacun, il sera vert ou noir.
Marcel Beauvois
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