Banque africaine de développement : 60 ans de leadership pour l’Afrique, de Mamoun Beheiry à Akinwumi Adesina
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Article N°28737

Banque africaine de développement : 60 ans de leadership pour l’Afrique, de Mamoun Beheiry à Akinwumi Adesina

Alors que la Banque africaine de développement (BAD) vient d'élir son neuvième président, M. Sidi Ould Tah, qui prendra fonction en septembre 2025, l’heure est à un regard rétrospectif sur six décennies de gouvernance. Depuis sa création en 1964, la BAD a joué un rôle central dans le financement du développement africain, sous l’impulsion de dirigeants visionnaires qui ont chacun contribué à façonner son identité, son influence et sa portée.

Mamoun Beheiry (Soudan) - 1964-1970 : poser les fondations
 
Premier président de la BAD, Mamoun Beheiry incarne le rêve panafricain de développement post-indépendance. Il installe le siège à Abidjan, amorce la première vague de prêts et initie la création du Fonds africain de développement (FAD), qui sera effectif en 1973. La Banque accorde en 1967 son premier prêt à la Tunisie pour un projet agricole. Beheiry dote la BAD d'une structure fiduciaire et réglementaire pionnière en Afrique.

Abdelwahab Labidi (Tunisie) - 1970-1976 : élargir l’horizon

Sous Labidi, le FAD devient opérationnel en 1972, apportant une assistance accrue aux pays à faible revenu. Il crée le Fonds spécial du Nigeria (1975) pour catalyser des financements africains. En 1974, les engagements cumulés atteignent 136 millions USD. Le portefeuille de la Banque se diversifie, intégrant dès cette période les transports, l'eau potable et l'éducation.

Kwame Donkor Fordwor (Ghana) - 1976-1980 : vers la coopération multilatérale

Fordwor renforce les liens avec les institutions de Bretton Woods. Il plaide pour une meilleure adaptation des financements aux réalités africaines, alors que les pays du continent subissent les effets des chocs pétroliers. Sous sa direction, la BAD adopte des approches plus souples de financement du développement rural.

Willa Mung’Omba (Zambie) - 1980-1985 : bâtir une ossature solide

Dans une Afrique marquée par l’instabilité économique, Mung’Omba met l’accent sur la professionnalisation de la Banque. Il restructure les directions techniques, améliore les systèmes de suivi évaluatif, et prépare la BAD à affronter des années plus critiques. Les décaissements progressent mais restent prudentiels.

Babacar N’diaye (Sénégal) - 1985-1995 : l’ambition continentale

Sous N’diaye, la BAD ouvre son capital aux non-africains (1987), acte fondateur de son accès aux marchés financiers mondiaux. Le capital passe à 23,3 milliards USD. Il obtient la notation AAA, autorisant les émissions d'obligations. En 1993, la Banque soutient 271 projets. Il promeut l'intégration régionale, les PME et les réformes structurelles. Son mandat positionne la BAD comme acteur global.

Omar Kabbaj (Maroc) - 1995-2005 : la relance et la rigueur

Arrivant dans une BAD en crise (surendettement, pertes), Kabbaj engage une profonde restructuration. Il diminue les effectifs, recentre la stratégie sur les infrastructures et rétablit la discipline financière. La BAD retrouve la rentabilité et une solvabilité positive en 2002. Il rétablit la confiance des partenaires techniques et financiers.

Donald Kaberuka (Rwanda) - 2005-2015 : une décennie de transformation

Kaberuka modernise la Banque. Il numérise les procédures, décentralise les bureaux pays, met l'accent sur les infrastructures. Sous son leadership, la BAD investit plus de 32 milliards USD dans des projets énergétiques et de transport. Elle réagit efficacement à la crise économique mondiale de 2008 et à la crise Ebola (210 millions USD d’appui d’urgence). Le portefeuille actif croît de 60 %.

Akinwumi Adesina (Nigéria) - 2015-2025 : le cap des "High 5"

Adesina définit cinq priorités stratégiques : Eclairer, Nourrir, Industrialiser, Intégrer et Améliorer la vie des Africains. Il mobilise 72 milliards USD pour l’agriculture, soutient l’électrification (Desert to Power pour 250 millions de bénéficiaires), et promeut la digitalisation. La BAD passe d’un capital de 93 à 318 milliards USD. En 2023, la Banque annonce avoir impacté plus de 515 millions de personnes, dont 231 millions de femmes.

M. Sidi Ould Tah (Mauritanie) - 2025-2030 : un tournant stratégique à préparer

M. Sidi Ould Tah arrive dans un contexte de changement climatique, d’urbanisation rapide et de ralentissement de l’aide publique au développement. Il devra consolider les acquis tout en renforçant la souveraineté financière du continent et en accélérant l’atteinte des objectifs de l’Agenda 2063.

Un capital de leadership africain à transmettre

De pionnier régional à institution globale, la BAD a évolué grâce à la vision de ses dirigeants successifs. Leur bilan cumulé montre que, dans un monde en mutation, l’Afrique bénéficie d’un outil de développement qui n’a jamais cessé de se renforcer. Le prochain chapitre reste à écrire, mais les fondations sont solides.

Amichia PIO

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