Le sanctuaire des destins oubliés, d'Yves Carchon
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Article N°24125

Le sanctuaire des destins oubliés, d'Yves Carchon

L’auteur semble vouloir nous faire entendre plus : sa narration est un chant de Sirène, et donc, sous des allures de conte teinté de réalisme magique, elle raconte autre chose...

Dans Le sanctuaire des destins oubliés, que j’ai lu avec attention, il y a certes la quête d’un amour perdu, Barcelone, un jeu de piste auquel nous sommes conviés, sorte de chasse au trésor qui ne laisse pas de fasciner et qu’on peut lire comme en état d’hypnose. Mais je voudrais aller plus loin, sachant que sous l’éblouissant vernis, l’auteur semble vouloir nous faire entendre plus : sa narration est un chant de Sirène, et donc, sous des allures de conte teinté de réalisme magique, elle raconte autre chose. Tenter de dénouer les fils intimes et littéraires de ce roman est ce à quoi j’ai voulu m’attacher. Sans être grand devin, l’auteur nous donne des indices et nous met sur la piste, comme Lola ouvre la voie au narrateur Lucas. Mais voyons de plus près.
Ainsi est-il fait allusion, en début de récit, aux romans de Chevalerie et à l’amour courtois, l’amour de loin des troubadours. Il est dit quelque part que les objets trouvés seront remis en fin de course à la dame de son cœur qu’est Lola. On pense aussi au Chevalier à la triste figure, évoqué dans le livre, Don Quichotte soi- même, qui aimait tant les livres au point de croire que la réalité était en eux (comme Lola ?).
Comment ne pas penser aussi à l’Odyssée, où Ulysse, après bien des péripéties, doit retrouver Ithaque et sa chère Pénélope. Il semble que Lucas ait moins de certitude quant à retrouver sa Lola-Pénélope, même s’il garde une inébranlable confiance. Comme Ulysse, Lucas va rencontrer des êtres exceptionnels qui vont l’aider tout au long de sa drôle d’odyssée. Non pas en Méditerranée, mais dans le cœur de Barcelone où a déjà sévi un certain Carlos Ruiz Zafon… On sent là un clin d’œil appuyé à l’auteur espagnol. Ces personnages barcelonais, comme sortis droit de contes grotesques, sont des balises qui envoient à Lucas les signes indispensables pour réussir sa quête.
Il y a souvent de l’imprévu, de l’extraordinaire, confinant au risible parfois, une sorte de pantomime qui rappelle par instants le voyage de K jusqu’à l’inaccessible Château… Lucas parviendra-t-il à retrouver Lola ? Mais n’est-ce pas un leurre ? Je ne parlerai pas du Comte de Monte Cristo, du Colonel Chabert ou de la Maison des Morts dostoïevskienne, semés très clairement par l’auteur derrière lui, qui donne à Puig un incroyable destin. Cette déambulation dans Barcelone se passe sur environ sept jours, avec des points d’ancrage : la Boqueria, les Ramblas, le Port, certains quartiers dont le Barri Gotic…et elle renvoie au déambulations de Bloom dans Dublin, sur un jour il est vrai, dans Ulysses justement…
Faut-il préciser que j’ai dû passer à côté de bien d’autres hommages, qu’ils soient discrets ou non, vu l’habileté de l’auteur à chercher à nous perdre. J’espère qu’il ne m’en voudra pas d’avoir quelque peu dévoilé ce qui fonde son récit, réseau de références qui alerte le lecteur. Clins d’œil qui, en tout cas, ont éclairé pour mon plus grand plaisir la lecture de ce livre.

Alexandre Cuvier

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