Jean-Philippe Bésiers, Maire de Castelsarrasin en Tarn-et-Garonne revient sur la manifestation des agriculteurs

Monsieur BESIERS, maire de Castelsarrasin ne peut que comprendre la colère des agriculteurs et va à leur rencontre à chaque manifestation, mais il doit également assurer la gestion de sa commune afin que ses administrés ne soient pas financièrement impactés par ces différentes interventions agricoles, c'est pour cela qu'il a décidé d'envoyer un courrier au  Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire pour que son ministère "participe" aux dépenses engagées pour le nettoyage de la voierie après le passage du monde agricole.

"LETTRE A MONSEIUR MARC FESNEAU

Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire
Monsieur le Ministre,
Le monde agricole est en ébullition. En Tarn-et-Garonne comme ailleurs en France, l’agriculture souffre : prix de vente des productions, prix des intrants, coût de l’énergie, difficultés en irrigation, lourdeur des investissements, normes, … Autant de paramètres qui poussent nos agriculteurs à occuper nos giratoires, bloquer nos entrées d’autoroutes, déverser leurs cours de ferme devant les bâtiments publics, se rassembler autour de casse-croûtes improvisés en se chauffant du feu de pneus dont la noirceur de la fumée s’apparente à celle de leur état d’esprit actuel.
Depuis quelques semaines, CASTELSARRASIN, sous-préfecture de notre Département, n’échappe pas à ce flot de colère. Le mois de novembre qui vient de s’achever aura gardé les stigmates de cette révolte. Par deux fois, nous avons subi des déversements de tous ordres dans une des rues principales, devant la Sous-Préfecture.
Pneus, jantes, lisier, carcasse de véhicules, canapés usagés, végétaux, gravats, … : à la nature de ces déchets, cela laisse croire que, plus que le monde agricole, d’autres professions se sont unies aux agriculteurs pour manifester leur mécontentement. Nous ne sommes pas très loin de la réalité car la situation pour bon nombre de nos concitoyens est préoccupante en ces périodes d’inflation, amenuisant leur pouvoir d’achat.
Et bien entendu, comme de coutume, le nettoyage et le rétablissement de la circulation incombe aux collectivités, en l’espèce, à notre municipalité.
150 heures de travail de nos employés municipaux ont été nécessaires pour déblayer plus de 65 tonnes de déchets en tous genres. Ces 150 heures étaient normalement dédiées à des missions d’entretien d’espaces publics municipaux. Les 65 tonnes ont été livrées en déchetterie qui nous a émis des bons de facturation pour leur recyclage.
Pour une commune comme la nôtre, de plus de 14.000 habitants, la facture s’élève à près 35.000 €, soit 2,50 € par habitant. C’est certainement peu à l’échelle nationale, mais très important pour nous. D’autant que la colère ne cesse pas. Le début de ce mois de décembre s’annonce également agité. Nous avons encore connu hier un épisode aigu de cette crise agricole, nous amenant à faire évacuer une école de 130 élèves face à la Sous-Préfecture par crainte de nouvelles actions.
Monsieur le Ministre, à cette crise majeure coûteuse pour nos agriculteurs va s’ajouter une crise financière pour nos collectivités. L’issue politique de cette situation vous appartient. Mais elle ne peut se solder sans la prise en compte de ces surcouts que nous subissons.
Pour ces raisons, je vous adresserai dans les jours qui viennent, et sous réserve qu’il n’y ait pas de coûts supplémentaires, une facture de ces montants supportés par notre collectivité.
En espérant que vous y attacherez l’importance qui sied à la situation, induisant une réponse favorable très attendue de votre part.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération. "
Source - Jean-Philippe BESIERS