Alors que s’est déroulée ce matin une réunion entre Jean Castex et 15 membres de la Convention Citoyenne pour le Climat, destinée à rassurer ces derniers sur le respect du sans filtre après des attaques médiatiques de nombreuses de leurs mesures par le Gouvernement, une action a lieu devant la préfecture du Haut-Rhin à Colmar, qui s’apprête à autoriser un entrepôt Amazon de 190 000m2 à Ensisheim. Les opposants demandent le respect de la volonté des 150 d’inclure les entrepôts de e-commerce dans le moratoire sur les zones commerciales.
La préfecture de Colmar se réunit aujourd’hui avec la Communauté de Communes du Centre Haut Rhin, dont fait partie Ensisheim, la ville de 7 400 habitants, dont le maire vient de délivrer le permis de construire à un entrepôt Amazon de 190 000m2 sur terres agricoles. Craignant que cette réunion ne soit l’occasion pour le préfet de délivrer l’autorisation d’exploiter le projet, les opposants se sont réunis devant la préfecture pour dénoncer son bilan climatique et des destructions nettes d’emplois catastrophiques, ainsi que la violation de la démocratie locale. En effet, les élus ont signé une clause de confidentialité leur interdisant de révéler l’exploitant final, l’étude d’impact a été réalisée en plein confinement et le permis a été délivré au milieu des vacances d’été. Après que la ville de Mulhouse ait manifesté son opposition aux projets dans une motion du Conseil Municipal, un courrier d’opposition d’une vingtaine de commune du département a également été envoyé au préfet.
Cette réunion intervient le même jour que la rencontre entre Jean Castex et 15 citoyens de la Convention Citoyenne pour le Climat, destinée à rassurer ces derniers sur le respect par le Gouvernement de son engagement au sans filtre, après la multiplication des attaques du Président et des ministres sur plusieurs des propositions phares des citoyens. In fine, la Ministre de l’environnement a admis que le Chef de l’Etat déciderait du maintien ou non des propositions dans le projet de loi, enterrant définitivement l’engagement de transmettre, telles quelles, les propositions de loi au Parlement.
Parmi les mesures qui ne feront probablement pas partie du projet de loi, se trouve le moratoire sur les entrepôts de e-commerce, exigé par les citoyens au même titre que celui sur les zones commerciales. Une étude d’impact a été commanditée, mais cette dernière n’est au final pas destinée à analyser l’ensemble des impacts induits par l’expansion rapide des géants du e-commerce en France, mais, au contraire, à jeter les bases de l’élaboration accélérée de projets d’entrepôts « clés en main ». Aucun gel n’a été ordonné sur les autorisations d’entrepôts en cours. Le préfet de Belfort s’est même empressé d’autoriser le projet de centre de tri de 76 000m2 sur l’aéroparc de Fontaine au courant de l’été, forçant les Amis de la Terre et FNE 90 à déposer un recours[1].
L’exclusion des entrepôts du moratoire risque d’accroître les distorsions de concurrence abyssales qui existent déjà entre commerce physique et commerce en ligne, à l’heure où de nouvelles études s font état d’un ratio de 4,5 emplois détruits dans le commerce pour 1 emploi créé dans l’e-commerce, avec 670 000 destructions nettes d’emplois aux Etats-Unis, entre 2008 et 2020[2].
Alma Dufour, chargée de campagne aux Amis de la Terre conclut : « Une telle décision précipiterait encore l’explosion de l’empreinte carbone de la France, puisque chaque gros projet d’entrepôt de e-commerce peut représenter la mise en marché de 240 millions de produits supplémentaires par an, alors que les émissions liées à nos importations représentent déjà plus de la moitié des émissions totales de la France. En outre, les entrepôts artificialisent tout autant si ce n’est plus que les zones commerciales désormais[3] ! ».
[2] Allianz et Euler Hermes, Retail sector in the US : towards destructive destruction, juillet 2020
[3] Les projets d’Amazon vont ainsi artificialiser autant de terrain que 14 zones commerciales. Statistiquement, l’e-commerce consomme trois fois plus d’espace qu’une zone commercial. Source: https://www.prologis.fr/logistics-industry-research/dossier-special-covid-19-6-lacceleration-de-levolution-du-commerce