Les vélos électriques vont-ils rester des vélos ? À première vue, c’est une évidence. Deux roues, un guidon, des pédales. Et pourtant, le vélo à assistance électrique, compagnon moderne des villes et des chemins, pourrait bientôt voir son statut bousculé.
L’Europe, toujours soucieuse d’encadrer les mobilités émergentes, envisage une nouvelle réglementation. Et derrière les lignes techniques se cache une vraie question philosophique, presque existentielle : un vélo qui va (un peu trop) vite reste-t-il un vélo ?
Le VAE a bouleversé notre rapport au déplacement. Il a ouvert la route à des publics qui n’osaient plus grimper en selle. Il a transformé des cols en balades dominicales et fait du vélotaf un plaisir quotidien. Oui, c’est un vélo. Oui, on pédale. Oui, les mollets bossent encore un peu.
Mais dès que l’assistance électrique flirte avec les 25 km/h réglementaires, certains rêvent d’en faire un engin motorisé, soumis à l’immatriculation, à l’assurance, au port du casque obligatoire. Une bureaucratie qui pourrait tout simplement freiner l’élan de cette petite révolution.
Et petit message amical à mes confrères : ce n’est pas un vélo électrique, c’est un vélo à assistance électrique. Nuance ! Omettre le mot assistance, c’est comme oublier les petites roues sur un vélo d’enfant : ça change tout à l’équilibre… et à la législation !
Ce débat européen, sous couvert de sécurité routière, cache aussi des enjeux économiques. L’automobile et la filière des deux roues motorisés observent d’un œil inquiet l’essor du vélo. Les industriels de la mobilité électrique poussent pour des catégories hybrides, entre scooter et vélo. Et l’idée de taxer, d’encadrer, de normer, revient avec la régularité d’un coup de pédale dans une montée.
Mais attention à ne pas confondre progrès et recul. À trop vouloir définir, on risque de dénaturer. Le vélo à assistance électrique est d’abord un vélo. Il mérite encouragement, infrastructures, reconnaissance. Pas des freins administratifs qui le feraient sortir de la voie verte.
Alors, que l’Europe légifère, soit. Mais qu’elle garde en tête l’essentiel : ce n’est pas parce qu’un vélo va vite qu’il faut le ralentir avec des chaînes réglementaires. Le VAE reste et est une chance. Ne le transformons pas en machine à complexité. Et surtout, gardons le guidon libre. Et l’esprit aussi. A l'image d'un certain Bernard Hinault, véritable ambassadeur de la mobilité douce !