Fin de parcours pour Larrun : quand la tempête économique rattrape la pépite du vélo électrique
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Article N°28964

Fin de parcours pour Larrun : quand la tempête économique rattrape la pépite du vélo électrique

Coup de tonnerre dans le landerneau du VAE ! La marque basque Larrun, symbole d’un savoir-faire français en pleine ascension, cesse son activité. Entre pannes en série et marché en tension, cette fermeture interroge sur la santé réelle de la filière du vélo électrique en France.

Née avec l’ambition de redonner souffle à l’industrie du cycle Made in France, Larrun représentait cette génération d’entreprises dynamiques qui misaient sur la mobilité durable. Basée au Pays basque, la marque, fondée en 2021 par la Société de Véhicules à Énergies Nouvelles (SVEN), avait conquis une clientèle attachée à la performance et au design français.

Mais l’euphorie post-Covid n’aura pas suffi à amortir les secousses. Loin de là. Les problèmes techniques récurrents, les retards d’approvisionnement mais aussi la hausse des coûts de production ont précipité la jeune pousse vers la sortie. Aussi dans un contexte où la demande se tasse après deux années record, le marché du vélo électrique subit de plein fouet un brutal coup de frein.


 

En juillet dernier, au salon Pro Days à Paris, Larrun avait pourtant fait sensation en dévoilant Lorea, un prototype en fibre de lin, une audace technologique et esthétique qui avait fait tourner bien des têtes dans le petit monde du vélo électrique français.



Une faillite alarmiste pour le marché des VAE
L’effet « rattrapage » post-pandémie s’essouffle, les stocks s’accumulent, et les marges fondent. Résultat : même les acteurs les plus prometteurs, comme Larrun, se retrouvent à court de souffle financier. Pour beaucoup d’observateurs, cette faillite résonne comme un véritable signal d’alarme. le secteur du cycle, pourtant dopé par les politiques publiques, n'arrive pas encore à consolider son modèle industriel. Les ateliers de montage peinent à rivaliser avec les coûts asiatiques, et la dépendance aux composants importés reste forte.


Faut-il s’inquiéter pour la filière vélo ?
Oui, mais pas céder au pessimisme. La transition vers des mobilités plus propres demeure un levier d’avenir, et l’écosystème français conserve des forces à l'image de Moustache Bike ou encore Radior Cycles. Ingénierie locale, marques engagées, innovations, et savoir-faire artisanal. La chute de Larrun rappelle surtout l’urgence d’un soutien structurel – à la fois industriel et financier – pour que le rêve du vélo électrique français ne reste pas une utopie.


En chiffres : le marché français du vélo (et du vélo électrique)

  • La décroissance touche tous les segments, reflétant un contexte de crise de la consommation. Les ventes totales de vélos neufs en France en 2024 s'éleviant à environ 1 956 000 unités soit –12 % en un an.
  • Le recul est modéré en valeur comparé à la baisse de volume. Le chiffre d’affaires global du secteur (cycles, pièces, accessoires) : environ 3,2 milliards d’€ en 2024 soit –5,9 % par rapport en 2023.
  • Le segment électrique, qui portait le secteur, cède du terrain. Le nombre de vélos électriques vendus (VAE) en 2024 est d'environ 565 000 unités soit–16 % par rapport en 2023.
  • Le VAE capte l’essentiel de la valeur ajoutée du marché. La part des VAE dans les ventes totales est de l'ordre de 29 % en volume, mais de 58 % en valeur.
  • Le haut de gamme élève la facture moyenne. Le prix moyen d’un vélo à assistance électrique est de 2 045 € en 2024.
  • Presqu’un vélo sur deux vendu est assemblé en France. La production de vélos en France en 2024 est de l'ordre de 495 308 unités, soit –18 %
  • La production française penche vers l’électrique, malgré le recul global. La part des VAE dans la production nationale française s'élève à près de 50 % des vélos assemblés.
  • Le marché reste jugé porteur à moyen terme. La projection du marché des VAE en France est de 2,08 milliards USD (environ 1,9-2,0 milliards €) en 2024, croissance à +8,55 % par an jusqu’en 2029.

Et si c'était la fin d'un cycle ?
Non, on ne va pas vers un effondrement de la pratique du vélo mais plutôt vers la fin d’un cycle euphorique. La filière subit aujourd’hui un contrecoup prévisible avec cette équation : explosion de la demande pendant le Covid, saturation du marché, inflation, stocks pléthoriques et resserrement du crédit. Le vélo, surtout électrique, a connu une bulle que la réalité économique est venue percer.

Mais dans le fond, la pratique, elle, reste solide et structurelle. Les collectivités continuent d’investir dans les infrastructures, les entreprises dans la mobilité douce, et les particuliers, malgré la prudence budgétaire, considèrent désormais le vélo comme un moyen de transport légitime. Le ralentissement actuel n’est donc pas une chute, mais une phase de consolidation. Le vélo s’installe dans la durée. Moins de fièvre, plus raisonnable, plus de maturité.

Henry Salamone et Elodie Studon / FRANCE SECRÈTE À VÉLO

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