Moins polluante, plus rapide sur les courtes distances, silencieuse, compatible avec les zones à faibles émissions… la livraison urbaine à vélo cumule les bénéfices. Elle répond aux enjeux environnementaux, désengorge les centres-villes et relocalise le dernier kilomètre. C’est une évidence pour qui observe les flux urbains de près.
Si le développement de la cyclologistique en France s’appuie sur une dynamique locale, elle s'appuie aussi sur des initiatives citoyennes et militantes qui illustrent la vitalité du secteur. À ce titre, le Tour de France à vélo-cargo de Franck Girardot est une odyssée cyclo-militante de 6 500 km, entamée le 29 mars dernier à Lille et prévue jusqu’au 8 juillet 2025.
En 102 jours et 72 étapes, Franck et son fils Nathan vont traverser 71 villes françaises à bord de leur vélo-cargo pour promouvoir une mobilité douce, locale et engagée. L’objectif est clair : faire rayonner le vélo utilitaire comme outil de transition écologique et sociale, en tissant des liens avec des acteurs locaux, des associations et des citoyens engagés.
​Mais cette évidence se heurte à une autre à savoir l’inertie des politiques locales. Là où certaines villes misent sur l’audace, beaucoup continuent de raisonner en tonnes, en camions et en parkings. Et la révolution douce du vélo-cargo se retrouve coincée dans une véritable l’impasse.
Dans les métropoles où les élus jouent le jeu, la cyclologistique s’impose. Paris a multiplié les aides à l’achat, les espaces logistiques urbains et les appels à projets. Lyon soutient les coopératives cyclo-logistiques locales. À Pau, on parle même de logistique de proximité" comme pilier d’une stratégie territoriale durable.
Partout où l’on investit dans les infrastructures cyclables, les zones de chargement sécurisées, les incitations fiscales et les appels d’offre adaptés, les triporteurs remplacent les camionnettes. C'est un constat et ce, sans retour en arrière.
Mais dans de nombreuses villes moyennes ou périphéries, c’est une autre musique. Réseaux cyclables fragmentés, réglementation absconse, méconnaissance des acteurs du secteur : la cyclologistique reste une belle idée, jamais traduite en actes. Les services d’urbanisme, de voirie et de développement économique travaillent en silos. Et les initiatives privées se heurtent à un mur d’indifférence ou d’incompréhension.
Pire : certaines collectivités continuent de soutenir des flottes de véhicules utilitaires électriques au nom de la sacro sainte mobilité verte, sans jamais envisager le vélo comme une alternative crédible.Â
Pourtant, à y regarder de plus près, on ne manque pas d’innovateurs. On ne manque pas d’outils. Ce qui manque, c’est du courage politique. Une vision transversale, portée par des élus capables de penser au-delà du mandat, au-delà du PLU, au-delà des solutions toutes faites. Les appels à projets doivent être repensés, les données mieux partagées, la logistique mieux intégrée dans les politiques de mobilité.
Car aujourd’hui, pour en avoir discuter avec les acteurs du secteur, la cyclologistique n’est pas freinée par ses limites techniques. Loin de là . Elle est freinée par une politique à courte vue, plus à l’aise avec le tout-camion qu’avec les transitions silencieuses. Sans compter les réglementations fluctuantes, la congestion et la maîtrise de la voirie qui compliquent la gestion sécurisée du dernier kilomètre.
Il est temps de traiter la cyclologistique comme un pilier des politiques urbaines et non comme un gadget à subventionner à la marge. Ce n’est pas une affaire de mode, c’est une affaire de cap.
Créer des hubs, soutenir les coopératives locales, intégrer les cyclo-livreurs aux projets d’aménagement… Voilà des leviers qui faut exploiter sans hésitation. Et ils ne coûtent pas plus cher qu’un rond-point mal pensé.
La logistique de demain ne se fera pas sans les élus d’aujourd’hui. À eux de savoir s’ils veulent encore regarder passer les triporteurs… ou tout simplement monter en selle. La cyclologistique est prête. Les entreprises sont là . Les citoyens sont demandeurs.Â
[A REVOIR]
Frais chez toi, la livraison éco-responsable en triporteur électriqueÂ