ll y a une forme de schizophrénie dans notre rapport au vélo. Les Français rêvent de liberté, de mobilité douce, d’évasion sur deux roues. A la lecture de l’étude Cofidis, ce sont 44 % envisagent d’acquérir un nouveau vélo, et près d’un sur deux lorgne du côté du vélo à assistance électrique. Mais la réalité vient vite briser l’élan. Seuls 16 % ont une réelle intention d’achat.
Le prix reste le premier frein à l’achat. C'est indéniable. Un vélo-cargo capable de supporter 200 kilos est affiché à plus de 6 000 euros. Comment parler de démocratisation quand ces engins restent inaccessibles pour une large majorité de foyers ? Même constat pour le VTT à assistance électrique.
On en trouve dès 2 500 euros, mais dans un pays où 48 % des acheteurs potentiels de vélos classiques n’imaginent pas dépasser les 500 euros, le fossé est, n'aynont pas peur des mot, abyssal. Le vélo, censé être un objet populaire, devient peu à peu un vrai produit de luxe.
Les Français gardent leur vélo au moins cinq ans, parfois dix. Pourtant, peu l’envisagent comme un investissement rationnel face au coût exorbitant de la voiture. L’achat comptant reste la norme, et le crédit ou le paiement fractionné sont encore minoritaires. Résultat, le vélo peine à traverser la crise du pouvoir d’achat, coincé entre désir et impossibilité.
la France pédale avec envie, mais freine au portefeuille. Une équation qui interpelle autant les pouvoirs publics que les industriels : rendre le vélo accessible n’est plus un luxe, c’est un enjeu de société.
L’occasion boudée, le neuf sacralisé. C'est une évidence de plus en plus criante. Si dans d’autres secteurs, la seconde main est devenue une réalité, ce n'est pas encore la norme dans le cycle. En effet, 75 % des futurs acheteurs veulent du neuf. Comme si l’usure d’un vélo entachait sa valeur. Cette culture freine le développement d’un véritable marché de l’occasion, qui pourrait pourtant jouer un rôle décisif pour démocratiser le VAE.
A y regarder de plus près, seuls les 18-34 ans bousculent les codes. Ils s’ouvrent à la location longue durée, à l’option d’achat, à l’idée qu’un vélo peut s’utiliser comme un service plutôt que comme une propriété. Peut-être est-ce là la clé pour passer d’une mobilité choisie par passion à une mobilité adoptée par raison.
Et la contradiction est là, éclatante. La France a envie de vélo, mais son modèle économique n’est pas aligné avec cette ambition. Si le vélo est vraiment une alternative à la voiture, il doit alors devenir un objet accessible, pas un privilège réservé aux urbains ou aux cyclotouristes aisés.
Alors, à l’heure où l’on parle de transition écologique et de mobilité durable, une question demeure : le vélo en France restera-t-il un symbole de liberté ou deviendra-t-il le luxe inaccessible d’une minorité ?