Adela Cortina Orts est une voix unique parmi les philosophes en Espagne comme en Europe. Professeure émérite d’Éthique à l’Université de Valencia, elle est également directrice de la Fondation Étnor (pour l'éthique des affaires et des organisations entrepreneuriales). La pandémie du Covid-19 met aujourd'hui en valeur son concept « d'aporophobie », ou rejet du pauvre, qui s'annonce comme l'une des conséquences de cette crise. Entretien conduit par Francis Mateo
GGN : Quelle est l'importance d'un regard philosophique en ces temps de crise ?
Adela Cortina : C'est un point de vue essentiel, surtout en temps de crise, parce que la philosophie nous oblige à nous détacher d'une situation, donc de l'actualité, pour mieux l'observer et l'analyser. Les philosophes essayent d'apporter de la réflexion, de l'analyse et bien évidemment de la critique. « Critiquer » signifie « discerner » en grec ancien, donc se poser les bonnes questions. Et selon Kant, ces questions essentielles sont : que puis-je faire ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ?
GGN : Alors comment jugez-vous ce qui été fait en Espagne ?
Adela Cortina : Je distinguerai d'abord deux réactions à la crise : celle des politiques et de la société civile. Je crois que la citoyenneté a très bien répondu en Espagne, à quelques inévitables exceptions près. Dans sa grande majorité, les citoyens se sont montrés prudents, solidaires et reconnaissants. (...)
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