GGN : Pourquoi la Corée du Sud semble-t-elle si bien gérer la crise sanitaire ?
Bonnie Tilland : Je crois que l’héritage culturel qui veut que les contacts physiques soient limités, qu’une certaine pudeur soit conservée entre les individus y est d’abord, pour beaucoup. En Corée, la distanciation sociale est culturelle. Ceci, combinée à une certaine discipline, permet de mieux comprendre la bonne gestion de la crise par la péninsule. Bien sûr, les dispositions socioculturelles n’expliquent pas à elles-seules ce phénomène. Il y a eu un certain nombre de mesures pour protéger, par exemple, les personnes vulnérables : les enfants n’avaient ainsi pas le droit de s’approcher de leurs grands parents afin d’éviter toute transmission. Une mesure qui, malgré son caractère anodin pour nous autres occidentaux, pose une vraie difficulté à la société sud-coréenne, habituée aux foyers intergénérationnels. Certaines familles continuent de vivre au même endroit, rassemblant ainsi deux, trois voire quatre générations au sein d’un seul et même domicile. Il a fallu s’adapter. Le télétravail et téléenseignement ont également été rapidement mis en place. Pour faire le lien avec ma propre situation et à l’heure où je parle (le 15 mai), les étudiants n’ont toujours pas repris les chemins des campus. Il y a quand même une certaine rigueur. Le gouvernement a aussi fait du bon travail parce que tous les systèmes de communication mis en place ont, à mon avis, permis d’éviter énormément de contaminations. À titre d’exemple, quand le nouveau foyer est apparu dans un quartier de Séoul, a Itaewon, tous les étrangers ont reçu un sms (en anglais) de la part du gouvernement pour les inciter à rester sur nos gardes et éviter les zones considérées comme exposées ou ayant été exposées au virus. C’est là - aussi, et malgré tout – l’un des avantages du tracking mis en place par les autorités. En parallèle, tous les étrangers se sont également vu proposer des tests de dépistage. (...)
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