Cette avancée repose sur une technique innovante consistant à retirer les cellules d’un tissu pour ne conserver que sa structure, qui est ensuite ensemencée avec des cellules souches humaines. Si cette méthode est déjà utilisée avec des tissus humains, l’utilisation de matrices végétales — ici des pommes — constitue une première mondiale dans la reconstruction de cartilage.
Les avantages sont nombreux : abondance des végétaux, faible coût, biocompatibilité et réduction du recours aux tissus animaux. Cette approche ouvre la voie à de nouvelles applications en chirurgie reconstructrice, notamment pour réparer le cartilage articulaire, nasal ou auriculaire.
Au-delà des greffes, ces tissus cultivés en laboratoire pourraient également servir à modéliser des maladies et tester des traitements dans des systèmes organoïdes, réduisant ainsi le besoin d’expérimentation animale.
"Cette étude représente une ouverture importante dans le domaine de l’ingénierie tissulaire pour confectionner des greffons pour la chirurgie reconstructrice, mais également pour limiter le recours aux animaux d’expérimentation. En effet, les tissus ainsi construits en laboratoire peuvent aussi avantageusement être employés pour modéliser plus efficacement les maladies in vitro et tester des traitements dans des modèles dits « organoïdes », permettant ainsi de réduire voire remplacer les tests in vivo. De plus, les tissus décellularisés issus de plantes sont tout à fait biocompatibles et au vu de la diversité du monde végétal, il serait intéressant d’investiguer d’autres végétaux pour reconstruire des tissus humains. C’est ce que nous faisons actuellement avec d’autres végétaux ! » souligne le Pr Boumédiene.
Des essais précliniques et cliniques sont prévus pour confirmer l’efficacité de cette technique sur le long terme. Cette découverte représente une avancée prometteuse pour la médecine du futur.
 
A propos de L’UR 7451 BioConnecT :
L’UR 7451 BioConnect est une unité de recherche de l’université de Caen Normandie, co-dirigée par les Pr Karim Boumédiene et Catherine Baugé. Ce laboratoire développe des projets de recherche fondamentale et clinique. Les techniques utilisées sont très variées telles que biologie cellulaire, biochimie, biologie moléculaire et génétique, séquençage à haut débit, transcriptomique, modèles « petit animal ». Les thèmes de recherche s’intéressent principalement à la physiopathologie du cartilage (arthrose, douleur, tumeurs osseuses) et l’ingénierie tissulaire du cartilage.