4e ANNIVERSAIRE DU MORTEL INCENDIE DE LA RUE ERLANGER A PARIS
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| AU NOM DE 100.000 CITOYENS SANS VOIX | Santé mentale | Handicap psychiatrique  Vu 115755 fois
Article N°22278

4e ANNIVERSAIRE DU MORTEL INCENDIE DE LA RUE ERLANGER A PARIS

On « fête » les 4 ans de l’incendie de la rue Erlanger alors que va commencer le procès de l’auteur « présumé » des faits. C’est l’occasion de vous proposer de relire l’article que nous avions posté en février 2019, que près de 100.000 lecteurs ont déjà consulté. Il faudra bien un jour faire le compte des pertes en vies humaines et en coûts économiques et sociaux de ces drames à répétition résultant de l’état déplorable de la psychiatrie française, incapable de prendre en charge les psychotiques les plus sévèrement atteints. A abandonner les « fous » à la solitude ou à la rue, comment s’étonner que certains « dérapent » ? Et pourtant, rappelons que le taux de criminalité des ces personnes est nettement inférieur à celui de la population « ordinaire ». Et qu’un malade n’est pas (seul) coupable. Si Essia B. avait été correctement prise en charge, elle n’aurait pas commis cette monstruosité.

En cette triste période, nos pensées vont évidemment aux victimes et à leur proches. Puisqu’il y a procès, espérons que TOUTES les responsabilités seront mises en lumière et qu’ainsi ils puissent retrouver un minimum de sérénité. Hélas pas évident après une telle horreur.


 
Hervé GANDILLON
Secrétaire Général CMHPsy
cent.mil.handicapes.psy@gmail.com
 

Voici donc notre article du 17 février 2019 qui n’a pas pris une ride :

10 morts et 30 blessés dans l’incendie de la rue Erlanger la nuit du 4 février 2019, à qui la faute ?

Qu’on ne leurre pas les proches des victimes et les blessés, qui méritent toute la compassion du monde, ni l’opinion publique en désignant comme bouc émissaire idéal la personne  psychotique « présumée » être l’auteur des faits.

Car cette personne est aussi une victime, celle des failles de notre système de santé mentale. Cette personne, à qui on va de toutes manières s’attacher à coller une part de responsabilité malgré ses antécédents psychiatriques, est de toute évidence victime du « syndrome des portes tournantes »[1] : succession de séjours en hôpital psychiatrique[2] où sont gérés les temps des crises avec soins essentiellement chimiothérapiques, et de remises « en liberté » avec suivi ambulatoire... aléatoire.

Sans se substituer aux psychiatres, il tombe sous le sens que cette personne nécessite des soins et un accompagnement dans la durée nécessaire avec un minimum de contention c’est-à-dire dans un établissement adapté. La chimiothérapie ne guérissant pas, elle a certainement besoin aussi de soins psychothérapeutiques adaptés à son cas[3].

Oui mais voilà : en 50 ans, les Pouvoirs publics ont fermé près de 200.000 lits dans les hôpitaux psychiatriques ou généraux ayant un service de psychiatrie, dissimulant derrière un alibi humanitaire (suppression de l’enfermement asilaire) une recherche drastique de baisse des dépenses de santé, elle aussi continue depuis que le déficit est la norme budgétaire française[4].

Les créations de structures alternatives n’ont évidemment pas suivi, et de très loin, puisqu’on ne parle que de virage ambulatoire. C’est sûrement très bien pour une majorité des 2,8 millions de handicapés psychiques[5], mais ce virage ambulatoire éjecte au bord du chemin les cas les plus sévères, soit des centaines de milliers en France.

Les « passages à l’acte » des psychotiques mal ou insuffisamment pris en charge, rares en proportion de la population concernée qui est beaucoup moins criminogène que la population « normale », alertent les médias et émeuvent l’opinion publique surtout quand ils sont dramatiquement spectaculaires[6], mais tout le monde en oublie la cause : les carences de l’Etat.

Cela fait plus de 25 ans que des voix autorisées[7] le clament, dans l’indifférence quasi générale.

Collectif 100.000 handicapés psychiatriques à l’abandon
Porte-parole Mme Claude HOVHANESSIAN-GANDILLON
Membre du CA du Conseil national handicap en charge de la Santé
cent.mil.handicapes.psy@gmail.com


Collectif 100.000 handicapés psychiatriques à l'abandon
 
[1] Expression de Gilles Vidon in La Lettre de la Psychiatrie N° 21, 01/1993.
[2] 13 séjours à Sainte Anne pour cette personne, info citée par exemple par msn.com 07/02/2019
[3] « Aucun médicament psychotrope n’a d’effet sur les troubles psychiques » affirmait le Pr Edouard Zarifian (CHU Caen), tandis que le Pr Pierre Delion (CHU Lille) ajoute : « c’est à partir de ce moment [i.e. après l’administration des médicaments] que commence mon travail ». Cités par P. Coupechoux, Un monde de fous (Seuil 2006)
[4] Donc depuis le choc pétrolier de 1973.
[5] A comparer avec 3 millions de myopathies et maladies rares, 150.000 victimes du SIDA, 850.000 PMR…
[6] Citons par exemple le massacre d’une partie du Conseil Municipal de Nanterre en 2002 (8 élus tués, 19 blessés) ; ou l’affaire Romain Dupuy à Pau en décembre 2004 (2 soignants assassinés dans un HP).
[7] Notamment Catherine Tobin, La schizophrénie au quotidien (Odile Jacob, 1990) ; les Etats Généraux de la Psychiatrie, Montpellier juin 2003 ; le rapport du HCPLD présidé par X. Emmanuelli au Président de la République, novembre 2003 ; la Lettre au Président de la République sur les citoyens en situation de handicap de J. Kristéva, 2003 ; P. Coupechoux, Un monde de fous, op.cité ; le rapport de la Cour des Comptes sur l’échec du plan santé mentale 2005-2008 du ministre Douste-Blazy, décembre 2011 ; Prs M. Leboyer et P-M. Llorca, Psychiatrie, l’état d’urgence (Fayard 2018), TF1, JT 20h 9/02/2019, etc.
https://www.tvlocale.fr/au-nom-de-100-000-citoyens-sans-voix/articles.html

Hervé GANDILLON Secrétaire Général CMHPsy

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