Avec les musiciens de l’Artichaut Klezmer Trio et les comédiens de la compagnie Paradis-Éprouvette. Mise en scène : Marc Fauroux rappelons que le petit théâtre tout fraîchement sorti de terre dans son nouvel écrin est un théâtre municipal appartenant à la ville de Colomiers.
Le klezmer est une musique instrumentale de fête qui était autrefois, pratiquée dans les communautés juives d'Europe de l'Est lors de l'accompagnement des mariages ou de festivités religieuses joyeuses ( pour memoire une image un son souvenez vous de Rabbi Jacob et sa danse endiablée )
Le Klezmer est un musicien, une musique, un répertoire, une insulte, un mythe, un langage qui raconte…L’engouement pour le klezmer est un phénomène relativement récent, pourtant cette musique existe depuis plusieurs siècles. Son histoire, encore méconnue, est l’écho du destin et de l’histoire de la culture yiddish. En effet, l’étymologie révèle que klezmer est la corruption de deux mots hébreux, kley et zemer, qui signifient littéralement « instrument ou vassal du chant ».
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Employé ainsi dans la culture yiddish traditionnelle, qui sanctifie la voix du hazzan, le terme est hautement péjoratif, et le restera jusqu’à la fin du XXème siècle. La musique instrumentale était en effet devenue profane depuis qu’elle avait été bannie de la vie et des rites religieux, en signe de deuil, après la destruction du Second temple de Jérusalem en l’an 70. Aujourd’hui le klezmer est défini comme la musique instrumentale folklorique des juifs d’Europe de l’Est. Or l’histoire montre que cette définition est loin d’expliquer un phénomène aussi riche et complexe que le klezmer. Les intéractions entre plusieurs communautés musicales, l’itinérance des musiciens et la diversité de l’audience qu’ils rencontrent remettent ces termes en question. Une définition esthétique conviendrait peut-être davantage. Le klezmer serait alors l’expression instrumentale de la langue et du monde yiddish, le moyen de rire et de pleurer sans éclats ni larmes.
Dans l’Europe médiévale, la figure originelle du klezmer s’apparente à celle des baladins et ménestrels, mais en qualité de musicien juif, il subit les restrictions qui émanent des autorités religieuses et politiques dans toute l’Europe chrétienne. L’adaptation, la plasticité et la mobilité deviennent alors les attributs vitaux des klezmorim. Ils se forgent un argot professionnel, le klezmer-loshn, s’organisent en guildes et en corporations. Jusqu’à l’émergence de la philosophie hassidique, ils constituent pour les rabbins un mal nécessaire, pour les musiciens chrétiens, une menace. En revanche, ils partagent, avec les tsiganes, la musique, les mœurs et l’errance. Sur les rives du Rhin et du Danube et jusqu’au port d’Istanbul, dans les shtetls et les tavernes de Pologne, de Roumanie, d’Ukraine et de Russie, les klezmorim forment des kapelye (orchestres), fondent des dynasties, nourrissent leur musique au gré de leurs tribulations. Certains virtuoses illuminent les plus belles salles d’Europe. D’autres bénéficient du mécénat de petits nobliaux. Mais pour la majorité, la profession implique errance, faim et misère. La conscription en Russie, les pogroms et l’antisémitisme justifient l’exode des juifs d’Europe cantonnés dans une zone de résidence établie en 1791 par Catherine II de Russie.
Le monde yiddish s’exile dans une migration massive, entre 1881 et 1924. Le klezmer s’implante aux États-Unis. Les musiciens s’y sédentarisent, bien que l’errance n’était plus, au XIXème, le lot commun des klezmorim, l’audience et les occasions de jouer s’accroissent, la musique se matérialise grâce aux partitions, aux enregistrements et à la radio. S’opèrent une série d’hybridations instrumentales et musicales qui établissent les fondations du klezmer contemporain. L’âge d’or de cette production musicale se situe entre 1917 et 1942. Des virtuoses comme Dave Tarras et Naftule Brandwein, dont les œuvres inspireront la revitalisation du genre, sont les pionniers de ce klezmer moderne. Son déclin commence dans les années 1930 lorsque les musiciens, comme le public, se convertissent aux musiques populaires américaines.
Après la Seconde guerre mondiale et avec l’assimilation culturelle, le klezmer tombe partout dans l’oubli, seules les communautés hassidiques perpétuent son souvenir. Mais à partir des années 1970, les biens culturels produits pendant l’âge d’or ressurgissent. La culture yiddish se reconstruit et se déploie, le klezmer devient son émissaire. En 1975, Lev Lieberman et ses Klezmorim initient une tradition nouvelle en produisant l’album East Side Wedding, acte de naissance du klezmer contemporain. Depuis lors, suivi par une myriade de kapelye modernes, et avec la création de nombreux festivals à travers le monde, le klezmer est devenu un phénomène musical international.
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Source : douglas.kiman les terres du Klezmer