Tribune de Loïk Le Floch-Prigent : Non, Madame la Ministre, il n’est pas raisonnable de dépenser l’argent des Français pour subventionner l’industrie étrangère
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Article N°25192

Tribune de Loïk Le Floch-Prigent : Non, Madame la Ministre, il n’est pas raisonnable de dépenser l’argent des Français pour subventionner l’industrie étrangère

En ce qui concerne les 430 millions accordés aux sous-traitants des industries aéronautique et automobile plus de la moitié concernent des entreprises ouvertement à capitaux chinois, japonais, américains, canadiens … mais le plus grave c’est que ce sont des programmes de modernisation pour la plupart qui font appel à du matériel conçu et fabriqué hors de notre pays !

Lors de son dernier entretien avec Eric Zemmour, la Ministre de l’Industrie a justifié l’incroyable Plan de Relance dont la réalité est de donner des subventions aux industriels d’où qu’ils viennent. Ainsi, en ce qui concerne les 430 millions accordés aux sous-traitants des industries aéronautique et automobile plus de la moitié concernent des entreprises ouvertement à capitaux chinois, japonais, américains, canadiens … mais le plus grave c’est que ce sont des programmes de modernisation pour la plupart qui font appel à du matériel conçu et fabriqué hors de notre pays ! Notre industrie a d’abord besoin de fonds propres nationaux et de compétitivité retrouvée avec la suppression des impôts de production et une application des directives environnementales respectueuses de son intégrité.


Madame la Ministre se trompe donc à la fois d’objectif et de mesures adaptées à la situation réelle de notre pays. Répondant d’ailleurs aux Généraux en retraite en les considérant peut-être imprudemment en « charentaises », elle a essayé de montrer qu’elle était moderne, mais les industriels en espadrilles ayant simplement ralenti leur activité n’ont pas besoin de tribunes collectives pour lui montrer la marche à suivre si elle veut vraiment faire une œuvre essentielle pour l’avenir de notre pays, redresser l’industrie nationale. Puisqu’elle a cru bon de prendre pour exemple l’industrie des vaccins, développons un peu. Avec les instituts Pasteur et Mérieux notre pays a été un des moteurs de la mondialisation de la prévention des épidémies et un des responsables majeurs de l’augmentation de la population mondiale en limitant en particulier la mortalité infantile. Il y a trois sites de production en France, Marcy l’Etoile (ex Mérieux) et Neuville su Saône en Région Rhône-Alpes et Val de Reuil en Région Normandie. L’usine de Vitry dont elle a parlé serait sur le site de R et D historique de Rhône-Poulenc pour produire le futur vaccin de Sanofi annoncé imminent depuis des mois. La fabrication de 17 vaccins majeurs est donc aujourd’hui assurée dans ces trois sites et neuf autres à l’étranger, Sanofi a engagé les travaux d’une nouvelle installation à Singapour pour 400 Millions d’Euro. En 2015 l’entreprise a commencé le désengagement de son activité santé animale dont la pépite était la vaccination avec Mérial. Cette vente a désespéré tous les industriels en espadrilles car la science nous disait qu’il y avait une continuité entre tous les animaux dont l’homme, le concept « One Health », »Une Santé » et cette stratégie montrait donc une distance de Sanofi à l’égard du vaccin , ce que les années suivantes ont largement montré. Sanofi voulait des nouveaux Blockbusters , des médicaments et non des vaccins, en particulier en oncologie, contre le cancer, et les » biotechs » vaccins comme Bio N Tech , Curevac , Valneva ont trouvé porte close chez Sanofi, comme Stéphane Bancel parti aux USA chez Moderna qui espérait une coopération avec Sanofi Vaccins. Ce n’est qu’en constatant les montants dépensés par les USA pour mettre au point un vaccin anti-Covid que Sanofi s’est réveillé, mais aussi bien Pfizer que Moderna, et Astra-Zeneca comme Janssen l’avaient devancé. Mais quelle a été l’attitude des sociétés « mondiales » de nationalité américaine ou anglaise ? Celle de privilégier leur pays d’origine , bien sur, et on se souvient de l’attitude de Sanofi lorsque l’on croyait encore que son vaccin allait être mis au point rapidement : « priorité à celui qui paie en premier ». Par conséquent, et c’est bien normal, l’industriel américain ou britannique favorise son pays, le français , dans ce cas précis l’oublie, mais, en général ce n’est pas le cas et heureusement. Nous avons donc intérêt à soutenir des industriels français et ne pas croire comme Madame la Ministre, que des industriels étrangers implantés en France vont abandonner leur caractère chinois, japonais, américain, allemand pour nos beaux yeux et il suffit de regarder ce qui se passe tous les jours dans notre  pays pour constater que les industriels en espadrilles énoncent des vérités indéniables . General Electric est une entreprise américaine, Siemens allemande , Toyota Japonaise, et c’est tout à leur honneur de ne pas oublier l’origine de leur vie et les soutiens dont ils ont disposé pour croitre et embellir.

Comme on a pu le dire à Madame la Ministre, les industriels de la santé encore vivants ont eu honte et ont toujours honte de l’absence de Sanofi dans la lutte contre la covid. Les résultats financiers ne nous sont d’aucun réconfort , au contraire !

Ce qui vient d’arriver avec la pandémie est une alerte brutale contre la politique suivie , préconisée et défendue par le Gouvernement et les élites auto-proclamées du pays. En cela les industriels en espadrilles ne veulent pas plus que les généraux en charentaises faire un putsch et appeler à la dictature. Il s’agit pour nous tous d’arrêter de voir notre salut collectif dans cet appel permanent aux techniques et aux capitaux étrangers tandis que nous devenons incapables de soutenir la recherche et développement françaises ainsi que les innovateurs au moment où ils pourraient amorcer une croissance. La « Start up Nation » tant prisée par des intellectuels éloignés du réel bute sur le soutien en fonds propres et le maintien d’une compétitivité fiscale et énergétique. Le « délitement » observé par les généraux dans le secteur qui les concerne correspond à une disparition progressive de notre industrie, l’automobile, l’aéronautique et le nucléaire à genoux tandis que nos pépites sont offertes aux capitaux étrangers pour une bouchée de pain ! Fournir des subventions à des entreprises étrangères pour qu’elles se modernisent avec du matériel étranger tandis que nous prenons des lois pour massacrer nos secteurs automobile, aéronautique et nucléaire est totalement absurde et ne peut pas être présenté aux contribuables, aux français, comme une prise en considération de leur avenir. Notre industrie est profondément malade de la politique suivie, tout le monde s’en aperçoit, il faut donc changer de politique .


Loïk Le Floch-Prigent

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