Marseille Assises de la Culture : Discours de Renaud Muselier Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
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Article N°21766

Marseille Assises de la Culture : Discours de Renaud Muselier Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Mesdames et Messieurs, chers amis,
Si je me permets cette familiarité, c’est avant tout car depuis maintenant près de 3 ans et l’élection de notre majorité avec Christian ESTROSI, nous avons voulu tisser des liens de confiance avec vous. Votre niveau de participation aujourd’hui me réjouit. Et je tiens sincèrement à vous en remercier. Pendant la campagne des élections régionales, nous avions pris l’engagement de faire de la culture une priorité de notre action. La Région est à votre écoute et c’est le sens de cet évènement qui nous rassemble aujourd’hui. Je suis d’ailleurs heureux de vous annoncer une sanctuarisation de notre budget culturel pour l’année 2019.

Ainsi, grâce à nos augmentations successives, la part de notre budget Culture dans le budget global de notre collectivité n’a cessé de croître. Elle atteint aujourd’hui plus de 3 % contre une moyenne de 2 % pour les autres Régions lorsque l’objectif de l’Etat est d’atteindre 1 %. L’effort choisi par notre majorité est d’autant plus important que nos recettes baissent inexorablement. Nous avons été privés de 400 millions d’euros de recettes depuis 4 ans. La place occupée par la culture dans une société en dit beaucoup sur la manière dont elle aborde son destin. La culture, c’est le reflet de notre humanité et de notre humanisme. Une société sans culture est une société sans avenir, ni espérance. Ni rêve, ni grandeur, voilà ce qui attendrait une société qui méprise ses artistes. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours refusé de sacrifier nos politiques culturelles sur l’autel de l’orthodoxie budgétaire. Oui, les deniers publics sont rares. Il est de notre responsabilité de les gérer avec parcimonie et rigueur. Mais la culture ne peut pas être victime de la crise tout simplement car la culture est une des réponses à la crise. Certains estimeront sans doute que ça n’est pas assez. Ils ont raison. Nous aimerions pouvoir faire davantage.

D’autres au contraire diront que 3 % de notre budget consacré à la politique culturelle, c’est beaucoup trop. Ils ont tort. Ils auront toujours tort.
C’est pour combattre la tentation du repli que j’organise d’ailleurs la semaine prochaine l’acte 2 de Méditerranée du futur. Notre Région, et tout particulièrement notre capitale régionale Marseille, est au coeur de la Méditerranée. Quand on grandit au coeur de cette cité, que l’on y vit depuis toujours et pour toujours, que l’on se construit au contact de ces hommes et de ces femmes originaires du monde entier, on ne peut pas être insensible à ce brassage culturel.
Ce serait avoir une méconnaissance totale de notre territoire de voir une menace dans cette richesse culturelle et humaine. Nous y sommes viscéralement attachés et nous voulons additionner là où d’autres ne savent faire que diviser et fracturer. Nous savons combien pour s’exprimer un artiste doit être libre. Bien sûr, l’art peut choquer et heurter les consciences.
Il peut même déranger parfois mais c’est aussi une de ses fonctions. L’art alerte. Il interpelle. Il interroge. Il engendre la réflexion et bouleverse l’ordre établi. L’art c’est le mouvement !
Pour vous, pour nous, la liberté a un caractère sacré. Le caractère sacré de la liberté de création des artistes, c’est là la base de notre politique culturelle. Le rôle des élus n’est pas de définir ce qui est beau et ce qui est laid. Notre rôle c’est d’accompagner les artistes. De leur donner les moyens de créer et de s’exprimer.
J’en viens au deuxième engagement fort de notre campagne des élections régionales au sujet de la culture. Nous avions pris l’engagement de bâtir la politique culturelle de notre institution avec vous, les artistes. C’est la raison d’être de la Conférence Permanente des Arts et de la Culture que nous avons mise en place avec Christian Estrosi.
C’est à vous de nous aider, de nous aiguiller pour faire les meilleurs choix possibles. Nous avions commencé à le faire à Mougins, chez toi mon cher Richard Galy. Après notre réunion de Mougins, j’ai entendu vos demandes pour davantage de dialogue et moins de verticalité. J’ai entendu votre volonté d’un format laissant plus de place à la spontanéité et à la liberté. C’est pourquoi je vous ai proposé cette journée de travail, les Assises Régionales de la Culture.
L’objectif pour moi est clair, vous écouter ! Je ne vous ferai donc pas de grand discours aujourd’hui. Pas de grande envolée, ni d’annonce tonitruante. Ce temps viendra, au mois de Janvier, à l’occasion des voeux aux acteurs culturels que j’organiserai à l’Hôtel de Région. Aujourd’hui, il est simplement question de méthode. Vous connaissez la mienne, l’écoute et la proximité. C’est pour moi le meilleur moyen de comprendre vos attentes afin de pouvoir y répondre. Les enjeux pour le secteur culturel en Provence-Alpes-Côte d’Azur sont immenses. Ils dépassent même ces frontières. L’enjeu pour nous est culturel évidemment mais il est également social et sociétal. Une politique culturelle doit à la fois préserver notre patrimoine et nos mémoires tout en encourageant à l’innovation et à l’émergence. Nous devons tout faire pour préserver notre patrimoine régional. Matériel et immatériel. Je refuse d’ailleurs cette fausse opposition entre le patrimoine et le spectacle vivant. Comme si ce qui constitue aujourd’hui notre patrimoine, n’avait pas été hier, création.

Ce matin je me suis rendu dans les 4 ateliers thématiques pour vous écouter. Nous travaillerons à toutes vos propositions plus en détail dans les semaines qui viennent. Mais je peux vous dire que j’ai d’ores et déjà été sensible à certaines de vos remarques et demandes. Notamment une, qui ressort de tous les ateliers, celle de voir la Région jouer son rôle de fédérateur et de coordinateur. Fédérateur des réseaux professionnels et des différents acteurs au sein de chaque filière, coordinateur entre les différents niveaux de collectivités territoriales, interlocuteur entre vos préoccupations professionnelles et l’Etat.
Dans l’atelier sur les musiques, j’ai entendu votre besoin de temps de rencontre entre directeurs de salle et ensembles musicaux. La Région est effectivement le niveau légitime pour jouer ce rôle et elle le fera en s’appuyant sur l’ARCADE et sur vos réseaux professionnels. J’ai également entendu vos demandes d’appui que nous pouvons vous apporter pour obtenir du mécénat. Nous travaillons à un dispositif que je vous présenterai au mois de janvier lors de mes voeux. Dans l’atelier sur le patrimoine, les mémoires et les traditions, vous avez beaucoup insisté sur la question de la transmission des patrimoines autant matériels qu’immatériels. J’apprécie que vous ayez souligné le fait que les acteurs ne peuvent pas tout demander aux collectivités. Et j’ai entendu votre souhait que la Région puisse être un appui moral et politique pour vous soutenir dans vos différentes démarches de reconnaissance. La Région doit être un facilitateur de projets et une puissance fédératrice des bonnes volontés. Notre enjeu commun est d’aider notre jeunesse à s’approprier l’ensemble des cultures qui font notre richesse patrimoniale.
Sur l’atelier qui concerne les arts vivants, j’ai entendu vos inquiétudes concernant le retrait de la Région de la politique de la Ville. Ce choix, nous ne l’avons pas fait de gaité de coeur. Nous sommes contraints de nous recentrer sur nos compétences et ces actions sont avant tout des actions de proximité qui, de par la loi NOTRe, relèvent de la compétence des Départements et surtout demain des Intercommunalités.
J’ai conscience qu’aujourd’hui, le bouleversement institutionnel que vit notre pays avec la montée en puissance des Intercommunalités, et parfois la disparition annoncée des Départements, crée un vide. Ainsi, je suis prêt à accompagner cette phase transitoire et en aidant de façon momentanée les structures qui participent à cette diversité des publics.
Je souhaite aussi, comme vous l’avez plusieurs fois exprimé, donner plus de lisibilité à notre action régionale car dans vos remarques, il me semble parfois que tous les dispositifs que nous proposons ne sont pas utilisés comme ils pourraient l’être. Je m’engage aussi à rendre public de façon claire et intelligible les financements octroyés par la Région.
Lors du Festival d’Avignon, j’avais entendu vos alertes concernant les dates de vote et les délais de paiement. C’est pourquoi, j’ai souhaité faire évoluer pour 2019 une modification du Règlement financier. La Région s’engage ainsi à un délai de réponse et un délai de vote de subvention de 3 mois maximum. Ce nouveau règlement financier a été voté le 19 octobre dernier et entrera en vigueur le 1er janvier 2019. Dans l’atelier sur les industries culturelles, la question de la structure des réseaux a été centrale ainsi que les questionnements sur les nouvelles pratiques et les nouvelles technologies.

D’ailleurs, au sujet du cinéma, je m’engage à réunir dès le début de l’année 2019, l’ensemble des acteurs de la filière pour lancer un grand chantier de restructuration de notre soutien.
J’ai entendu les craintes exprimées par certains de voir le nom de notre Région changer. Vous ne voulez pas voir Provence-Alpes-Côte d’Azur disparaître. Je serai toujours à vos côtés.
Si j’osais, je vous dirais « Moi Président de Région, notre nom ne changera pas ! ». Mais au-delà de la plaisanterie je vous affirme pleinement et définitivement, notre Région n’a pas changé de nom et elle n’en changera pas !
Nous sommes tous Provençaux, Alpins et Azuréens et nous continuerons à nous appeler ainsi. Simplement personne ne peut me dire être satisfait de voir notre belle région se résumer à un vulgaire acronyme, PACA ! Si j’en écoute certains, je serais même le PR du CR de la PACA qui doit mettre en place le CPRDEFOP et élaborer le SRADETT, veiller à la bonne exécution du CPER et qui a bâti un SRDEII et un SRDT dans le cadre d’une collaboration au sein de RDF avec les Régions HDF, AurA et IDF !
Et bien ça, je n’en veux pas ! Ça, c’est un monde aseptisé. C’est un monde sans culture ni identité. Les partisans de ce monde, ancien ou nouveau, me trouveront toujours en travers de leur route. Alors pour celles et ceux incapables de respecter notre nom Provence-Alpes-Côte d’Azur, plutôt qu’un sombre acronyme, nous leur proposons le Sud.
Le Sud, ça n’est certes pas notre nom mais ça nous ressemble davantage. C’est plus chantant. C’est plus positif. C’est tout de même mieux que la PACA !
Pour conclure, un dernier thème a également traversé tous les ateliers ce matin, celui du renouvellement des publics et celui de la transmission aux jeunes générations :
- transmission de la mémoire mais pas seulement,
- transmission du goût d’aller aux spectacles, du goût d’être ouvert à tous les styles et à toutes les esthétiques.
A un moment où nous ne connaissons pas encore les conséquences, pour ne pas dire les dégâts, de la culture Internet.
C’est dans ce sens que nous avons imaginé notre dispositif e-PASS. Il n’est pas encore parfait mais nous cherchons à l’améliorer sans cesse avec vous.
Cette question des publics va être abordée dans notre premier atelier. Cet après-midi, nous avons en effet choisi 2 thèmes dont un volontairement provocateur « Ni clientélisme, ni tiroir-caisse ». Certains n’ont pas manqué de le souligner. C’est un titre qui interpelle, qui peut choquer… mais vous avez l’habitude. Derrière ce titre, je souhaite une discussion libre. Sans tabou !
Et j’en finirai par-là, en vous parlant une dernière fois de la liberté. Elle est notre raison d’être. Ici, aujourd’hui, nous devons reconstruire l’âme de notre région. Celle que les siècles lui ont donnée. Cette âme ignorée par certains, méprisée par d’autres pour mieux la détruire. De liberté, certes, de rêve, sans doute, d'audace, résolument !
De tout ce qui fait l'âme des femmes et des hommes, d'hier et d'aujourd'hui, et qui ne se réduit pas plus à l'acte citoyen qu'à l'impulsion consommatrice.
Et parce que je sais combien chacune de vos oeuvres demandent du travail, parce que je crois à la victoire dans ce combat que je vous engage à conduire ensemble, parce que je vis mon action publique, aussi, comme la recherche constante d'un certain bonheur, humain et simple, partagé par tous, éclairé par la beauté, alors aujourd’hui, avec toute ma gratitude, je vous dis toute ma confiance, et tout mon espoir en l’avenir.
Je vous remercie.

Lien :http://traditionactu.tvlocale.fr

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