Pourquoi a-t-on le sentiment que la société française est en train de se fracturer en même temps qu’elle se communautarise ?
Je pense qu’il ne s’agit pas d’un sentiment, mais d’une réalité. Notre société se fracture et se communautarise parce que, depuis des années, nous sommes dans le déni, allant même jusqu’à changer notre vocabulaire pour parler de ce qui fâche. Aujourd’hui, dans des pans entiers de la République, des gens ne vivent pas les uns avec les autres, mais les uns à côté des autres, avec des modes de vie différents, pour certains incompatibles avec la République. On a laissé passer des principes religieux devant les règles de la République. Ces phénomènes de partition se vérifient à l’hôpital, à l’école, dans le sport, où les exigences communautaristes sont telles que certains professionnels ne peuvent plus travailler sans être placés sous une pression religieuse morale et physique de plus en plus forte, ce qui est inadmissible. J’ai beaucoup de mal à accepter l’idée que le modèle anglo-saxon puisse un jour exister en France. Ce n’est pas, pour moi, un exemple à suivre et, en tout cas, pas notre culture.