Amazon Prime days : l'e-commerce aura détruit 1 million d'emplois aux Etats-Unis et 100 000 en France d'ici 2025. @amisdelaterre
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Article N°24589

Amazon Prime days : l'e-commerce aura détruit 1 million d'emplois aux Etats-Unis et 100 000 en France d'ici 2025. @amisdelaterre

A la veille des Amazon Prime days, les Amis de la Terre relaient de nouvelles études qui démontrent que l’expansion du e-commerce aux Etats-Unis y a provoqué la destruction nette de 670 000 emplois entre 2008 et 2020, et va en détruire plus d’1 million d’ici 2025. Le soutien du Gouvernement à l’implantation d’une vingtaine de nouveaux entrepôts, centres de tri et agences de livraison d’Amazon en France, apparaît totalement inconsidéré, alors que le secteur du commerce physique traverse une crise sans précédent


L’étude d’Allianz et d’Euler Hermes fait l’effet d’une véritable bombe: l’expansion du e-commerce aux Etats-Unis a entraîné la fermeture de 56 000 magasins et provoqué la destruction nette [1] de 670 000 emplois entre 2008 et 2020 [2]. 30 000 magasins de plus devraient fermer d’ici 2025, détruisant 500 000 emplois supplémentaires. Au total, l’expansion du e-commerce va provoquer la destruction nette de plus d’1 million d’emplois d’ici 2025 aux Etats-Unis. 

 Le ratio serait dès lors de 4,5 emplois détruits pour 1 créé, dépassant les prévisions de l’ex Secrétaire d’Etat au numérique Mounir Mahjoubi [4]. Appliqué aux environ 11 200 emplois existants et aux quelques 13 000 créations d’emplois annoncées par Amazon, la multinationale de Jeff Bezos pourrait provoquer la destruction nette de plus de 100 000 emplois en France [5]. 

Car l’hexagone se dirige vers un scénario à l’américaine. L’e-commerce y affiche une forte croissance, Amazon s’imposant de loin comme le premier acteur du marché [6]. Nous assistons déjà aux premières faillites dans les secteurs les plus touchés par ce modèle: l’habillement et l’équipement électronique. André, Naf Naf, la Halle, Conforama, Camaïeu ont déposé le bilan, menaçant l’emploi de 26 000 salariés. 

 La récession risquant d’entraîner une baisse de la consommation des ménages, les destructions d’emplois pourraient être encore plus importantes. Les commerces physiques ont été fortement impactés par la fermeture imposée au printemps. Alors que les loyers commerciaux n’ont pas été suspendus, nombre d’entre eux ont dû s’endetter via des prêts garantis par l’Etat. Pour rembourser, ils devront réaliser rapidement un chiffre d’affaire supérieur à celui d’avant le COVID, ce qui relève de l’impossible. Nous faisons face à une véritable risque de faillites en cascade qui pourrait détruire entre 150 000 et 300 000 emplois dans le commerce physique d’ici 2 ans [7]. 

 Malgré les alertes répétées des commerces de proximité, qui demandent, eux aussi, à être exonérés de TVA face à la fraude massive découverte sur les plateformes de e-commerce [8], le Gouvernement continue de soutenir le développement de 21 nouveaux entrepôts, centres de tri et agences de livraison d’Amazon en France [9]. Il a rejeté la demande de moratoire sur les entrepôts émanant de la Convention Citoyenne pour le Climat et a commandité une étude d’impact dont le but est de réduire la contestation locale et de permettre l’accélération du développement de nouveaux entrepôts [10]. 

 Alma Dufour, chargée de campagne surproduction pour les Amis de la Terre conclut : “Vu les données sur l’emploi, le climat et la fiscalité et la crise sans précédent que traverse le commerce physique, le soutien aveugle au e-commerce, et notamment à Amazon, dans lequel s’enferme Emmanuel Macron apparaît proprement irresponsable. Barbara Pompili disait il y a encore quelques semaines que les gens ne comprendraient pas qu’il y ait un moratoire sur les zones commerciales et pas sur les entrepôts de e-commerce, eh bien elle a raison, les gens ne comprennent pas”. 
 


Sources :

[1] Ces 670 000 destructions nettes prennent donc compte les créations d’emplois du e-commerce

[2] Allianz & Euler hermes, The View : Retail Sector in the US : Towards destructive destruction, juillet 2020

[3] UBS, U.S. Retail Which Subsectors Need to Close the Most Stores?, 9 avril 2019

[4] Mounir Mahjoubi, Amazon : vers l’infini et pôle emploi, novembre 2019

[5] Détail des calculs disponibles auprès des Amis de la Terre France 

[6] Kantar estimait la part de marché d’Amazon en France à 18,9% du e-commerce, mais sur la base d’un CA de 6,5 milliard, sous-évalué. En réalité le volume d’affaire d’Amazon serait plus proche de 13 milliards. Un baromètre fox intelligence sur 1,2 millions de consommateurs en 2019 estimait la part de marché d’Amazon proche de 50%. Un nouveau baromètre réalisé pendant le confinement la situait autour de 38-40%. LSA, L’e-commerce non-al se maintient mais le transport se grippe, avril 2020

[7] Procos, Commerce spécialisé : une chance pour la France,12 propositions pour la sauvegarde, la relance et la poursuite de la transformation d’un secteur majeur pour la France, juin 2020

[8] Confédération des Commerçants de France, Face au report de l’application de la Directive TVA européenne, pour assurer la justice fiscale, les commerçants indépendants demandent une exonération de TVA jusqu’au 1er juillet 2021, 12 octobre 2020

[9] Liste des projets en cours disponible auprès des Amis de la Terre.

[10] Lettre de mission à France Stratégie, à l’Inspection Générale des Finances et au Commissariat Général au développement durable

crédit photo Pixabay



Source Alma Dufour, chargée de campagne aux Amis de la Terre

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