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Article N°15094

LYME TUE

A bout de forces, un habitant des Vosges rongé par la maladie met fin à ses jours.

Le 12 octobre, M. Michel Didierjean, 68 ans, s’est suicidé par pendaison dans la forêt de la Croix aux Mines, un endroit qu’il appréciait beaucoup, et qui était malheureusement à l’origine de son geste.
M Didierjean, ancien garde champêtre, ancien postier, souffrait depuis plus de douze ans d’une maladie de Lyme à un stade avancé, se plaignant de douleurs quasi permanentes qui selon ses dires, « lui donnaient l’impression de vivre dans un micro-ondes ». Vers la fin, dormir lui était devenu impossible. Les papiers qu’il avait laissés avant de partir ne laissent aucun doute sur la maladie responsable de son geste.

La maladie de Lyme est due à une bactérie, Borrelia sp., transmise principalement par les morsures de tiques, d’évolution lente, qui aboutit le plus souvent à de dramatiques affections chroniques neurologiques et articulaires. En France, elle est malheureusement sous-diagnostiquée du fait d’un personnel médical mal formé et de tests biologiques inadaptés. Les malades sont pour la plupart livrés à eux-mêmes tant pour le diagnostic que le traitement.

M Didierjean était un homme optimiste, combatif, un amoureux de la nature et de l’exercice physique, à des lieues de l’image que les médias renvoient de la maladie de Lyme quand ils en parlent : ni paralysé, ni victime, il s’investissait dans la vie communautaire autant que son état le permettait.

Mais la douleur était trop forte, et son dernier geste pour mettre fin à ses souffrances fut également un geste de protestation.
Dans ses derniers messages il se plaignait fréquemment du manque d’information des populations et des médecins locaux, du déni de l’appareil de santé français et de la chasse aux sorcières dont sont victimes les rares lanceurs d’alerte sur le territoire.

Sa mort ne sera bien entendu pas attribuée à cette maladie qui ne tue que rarement ses victimes directement : fatigue chronique, douleurs musculaires et articulaires, troubles psychiques (mémoire, humeur, coordination), la liste est longue et permet très vite de classer les malades dans la catégorie des « psychosomatiques » au mieux, des simulateurs au pire.
A la souffrance physique s’ajoute alors la souffrance psychique, les silences, l’isolement qui vient d’une affection dont on refuse même de reconnaitre l’existence. Il est déjà assez pénible de souffrir d’une maladie chronique douloureuse et débilitante, mais imaginez qu’en sus on ne vous autorise même pas à en souffrir. Les gens refusent de vous croire malade et se détournent de vous, même vos proches.

Est-il si surprenant alors que cet homme ait choisi le suicide ? Il n’est de loin pas le premier, et à moins que les autorités sanitaires françaises ne décident tout de suite de reconnaitre l’existence du problème et la souffrance de ceux qui en sont affecté, il ne sera pas le dernier.
Combien de suicides, dans les Vosges et ailleurs, pourraient être imputées à cette bactérie ? La réponse est simple : trop. Mais le geste de M Didierjean, pour tragique qu’il soit a pour mérite de briser la chape de plomb qui entoure ce scandale sanitaire, et c’est à nous, citoyens, de faire en sorte que ce drame ne soit pas arrivé en vain.
Des informations sur Lyme existent, des associations existent, des traitements existent. Informez-vous, formez-vous, protestez, pour que tout cela n’arrive plus.

L’association Lyme Sans Frontières demande à chaque citoyen conscient de ce désastre humain de diffuser l'information, de prendre toutes les initiatives qui s'imposent pour lever ce déni meurtrier et notamment d'informer son député de cette situation afin qu'il interpelle la Ministre de la Santé et exige des mesures d'urgence pour les malades en proie à la plus grande détresse. 
Un courrier-type sera proposé dans les jours qui viennent sur le site de l’association et sera envoyé également aux adhérents afin d’aider à mettre fin à cette injustice.
 
                                                                                                         Pierre Marion, pour Lyme Sans Frontières.

Pierre MARION

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  • Elisabeth LE SAUX :23/10/2015 11:29:47 Le geste désespéré, dramatique, de Michel Didierjean est là pour rappeler, à tous ceux qui en doutent ou l'ignorent, le caractère extrêmement pernicieux de la maladie de Lyme, qui vous lime à petit feu et peut vous pousser dans vos derniers retranchements. Je suis passée par les mêmes affres et les relate dans mon livre, "Face à Lyme : Journal d'un naufrage", avec l'espoir que mon témoignage servira la cause de tous les malades laissés pour compte par le corps médical.
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