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Article N°15053
Pourquoi de telles difficultés pour appréhender l'épisode pluvio-orageux du lundi 12 octobre 2015 ? #Tv Locale Météo
Il y a deux-trois jours à la veille de l'évènement, nous restions même encore très mesurés dans notre approche de cet épisode avec seulement la prévision de pluies orageuses non généralisées et d'intensité raisonnable.
Or hier matin au réveil grosse surprise, Météo France plaçait en vigilance orange le Gard, le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône avant d'inclure le Var en cours de journée.
Après étude des modèles hier en tout début de matinée, nous avons déduit assez aisément que Météo France s'était certainement fixé sur la sortie de son modèle Arome lequel, en effet, appréhendait de très importants cumuls de pluie dans les secteurs mentionnés avec parfois des lames d'eau maximales de 150 à 200 mm.
Nos services restaient assez perplexes mais bien sûr il est de notre devoir de relayer des vigilances. Dans le doute qui nous assaillait faut bien le dire, nous avons donc anticipé une éventuelle dégradation plus sérieuse en cours d'après midi.
Au final comme nous nous en doutions, pas de réel épisode méditerranéen sérieux et des cumuls très raisonnables (77 mm à Nimes, 58 mm à Visan, 52 mm à Orange).
La question qu'immanquablement vous vous posez alors, nous nous la sommes tous posée : pourquoi un tel "flop" et pourquoi Météo France a-t-elle persisté aussi tardivement dans une vigilance orange qui n'était pas nécessaire? Plusieurs éléments techniques peuvent constituer une explication :
- La présence d'un dynamisme en altitude assez ténu bien qu'une branche de jet soit elle aussi en train de circuler.
- L'absence, au final, d'un minimum dépressionnaire en surface qui aurait pu advecter plus franchement des masses d'air douces et humides en basses couches.
- Une instabilité quasi nulle (malgré quelques orages retardataires la nuit dernière).
- Un vent en basses couches, resté orienté au Nord-est le plus souvent, qui a bloqué en mer la douceur humide et l'instabilité.
- Un déphasage entre les différents paramètres que ce soit en altitude ou en surface.
Une convergence des vents en basses couches était pourtant bien dessinée et favorisait de bonnes pluies. Mais en l'absence d'autres paramètres, cela ne pouvait dégénérer davantage.
On voit qu'en définitive beaucoup d'éléments expliquent cet épisode au final très modéré. Le modèle Arome aura constamment mis le doute dans l'esprit jusqu'à hier soir en modélisant des noyaux pluvieux parfois intenses. Selon nous, Météo France n'est pas à blâmer. Il faut savoir que nous restons sur de précédentes intempéries meurtrières, et il vaut mieux prévenir que guérir. Il est important de se rappeler que le doute fait partie intégrante de ce que vit le prévisionniste au quotidien, davantage encore pour un ingénieur de Météo France soumis à une certaine pression vis à vis d'un passé récent très difficile.
Voilà donc nos explications en rapport avec l'épisode avorté d'hier et -dirons nous- c'est tant mieux. Il vaut mieux certes surestimer que l'inverse mais il nous est apparu important de vous détailler tout cela afin que vous compreniez le pourquoi d'un tel bide ! Il y a toujours des raisons que l'on se doit de retranscrire au grand public.
En espérant vous avoir intéressé !
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Fabien DELACOUR
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