Voilà qui pourrait sembler suffire à définir L'artiste et son œuvre mais il manque les dires de l'artiste elle-même qui permettront de l'approcher mieux encore et de mieux la situer dans le contexte contemporain.
Interrogée sur sa source d'émotion et sur ce qui suscite son geste créateur:
"l'atmosphère et l'attitude de silhouettes saisies sur d'anciennes gravures,
dit-elle, le rythme d'un drapé..."
Mais à partir de là le pinceau interprète librement les formes initialement jeter sur la toile et le peintre, se moquant des modes et du temps le laisse aller sans contrôle. «La réalité ne m'intéresse pas ajoute-t-elle j'ai besoin de construire un univers en dehors du réel".
Entendons: en dehors du réel visible et tangible car il fut un temps où Mireille bandait les yeux des visages qu'elle traçait afin de leur permettre
"de mieux voir les choses intérieures".
Et cette liberté laissée aux mouvements de la main, nullement contrainte par les lois de l'harmonie ou de la composition, semble au contraire y puiser
hardiesse et vivacité.
Nous savons tous la vanité des classements, des étiquettes, mais le temps présent offre une telle variété de courants qu'il serait difficile de n'en pas découvrir un ou l'on ne se sentirait pas étranger.
Ainsi comment ne pas trouver une réelle convergence, pourquoi pas une connivence, entre les motivations de Mireille Cangardel est cette déclaration que Silverster Engbrox, maître de la "figuration conceptuelle" confiait à un très récent numéro de la revue "Azart":
"Je ne sais jamais où vont me conduire mes tableaux... je suis dans l'inconnu de mon subconscient et c'est lui qui guide mes pas. Mes personnages arrivent tout seuls... ce dont je suis certain, c'est que la réalité ne m'intéresse pas!"
Si l'on s'en tient à ce propos, et rien ne parait plus légitime, Mireille Cangardel doit être considérée, non seulement comme une artiste relevant de la figuration conceptuelle, mais surtout comme un précurseur de cette mouvance.
Bien sûr, elle n'a cure de ce genre d'honneur et sa plus grande joie serait
de percevoir chez l'autre la compréhension intuitive du monde intérieur dont chacun de ses tableaux propose un morceau ou un moment.
Guy Cabanel